Question climatique, le gouvernement n’en est plus à
un paradoxe près. Alors qu’il conseille aux Français les cols roulés et le
chauffage à 19 °C, l’exécutif se contente du strict minimum sur le sujet
de la rénovation thermique. Lors du vote du budget 2023, les amendements visant
à accélérer ces investissements ont été balayés par la majorité. Une simple
enveloppe de 100 millions d’euros a finalement été adoptée en faveur de cette
politique. Là où chacun s’accorde à dire que les besoins se chiffrent en
milliards. À l’évidence, cette sobriété budgétaire ne permettra pas de venir à
bout des 5,2 millions de passoires thermiques qu’Emmanuel Macron avait
promis d’éradiquer d’ici à 2027. Pas plus qu’elle n’aidera les quelque
12 millions de personnes qui vivent en situation de précarité énergétique,
un chiffre amené à grossir avec la hausse exponentielle des prix.
En la matière, les discours volontaristes d’Emmanuel
Macron, grimé en super-ministre de l’Écologie, relèvent de l’affichage. Dans
les faits, la rénovation thermique reste un sujet mineur. L’enjeu,
environnemental et social, est pourtant colossal. Le secteur du bâtiment
représente, en France, près de 20 % des émissions de gaz à effet de serre
et 40 % de l’énergie consommée. Quant aux surcoûts de santé liés à la vie
dans un logement froid et humide, ils atteignent 10 milliards d’euros par
an ! Bénéfique aux
plus précaires, à la planète et aux finances publiques, la rénovation devrait être une priorité nationale.
Et non pas dépendre d’une politique de subventions – la fameuse « prime Rénov’» –, dont les restes à charge pléthoriques (40 % du prix en moyenne) empêchent les ménages modestes d’y prétendre.
Comme le rappellent les associations qui se mobilisent
aujourd’hui, tout cela nécessite un engagement budgétaire de long terme et à la
hauteur – 5 milliards d’euros par an. Ainsi que des mesures de
protection des ménages (interdiction des coupures…), propres à briser la
spirale de la précarité qui, sur fond de crise énergétique, menace de
s’accentuer. L’enjeu climatique et social ne s’accommodera pas de la vision
court-termiste du gouvernement. Et encore moins de sa politique minimale.
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