Nos vies ne valent pas plus que leurs profits. Les
mastodontes de l’industrie pharmaceutique, dont le chiffre d’affaires annuel
oscille en moyenne entre 50 et 70 milliards d’euros, dominent la
fabrication de la majorité des médicaments dans le monde. En dépit des
scandales révélés au grand jour par la pandémie de Covid, les Big Pharma ont
toujours les mains libres pour agir en toute impunité, jusqu’à pouvoir décider,
in fine, des politiques de santé des gouvernements.
Le cas du médicament Sovaldi est emblématique.
Traitement très efficace contre l’hépatite C, la molécule qu’il contient,
le sofosbuvir, avait suscité en 2013 un immense espoir pour lutter contre cette
maladie qui tue 700 000 personnes
chaque année dans le monde. Espoir rapidement douché par la rapacité du
laboratoire américain Gilead. Protégé par un brevet, le Sovaldi est vendu à un
prix exorbitant, 41 000 euros en
France, privant de nombreux malades d’un traitement qui pourrait pourtant leur sauver la vie ! Devant un
tel scandale, Médecins du monde
avait lancé, en 2015, une procédure juridique pour casser ce brevet et permettre la production de génériques
beaucoup moins chers. L’Office européen des brevets, basé à Munich, pourrait trancher ce mercredi sur
l’annulation du brevet, ce qui représenterait une première victoire et
enrayerait la toute-puissance des Big Pharma.
Cette décision est d’autant plus attendue qu’on ne
pourra pas compter sur le pouvoir macroniste pour reprendre la main sur les
labos. Au début de la pandémie, en mars 2020, le président de la
République affirmait la main sur le cœur que la santé devait être « placée en dehors des lois du marché ». On sait aujourd’hui ce qui
fut de cette promesse, comme des mauvais traitements infligés à l’hôpital
public et à l’ensemble de notre système de santé. La même année, trois
sénatrices communistes présentaient une proposition de loi visant à créer « un pôle public du médicament et des produits médicaux ». Rejetée. Celle de la députée insoumise Caroline Fiat
avait connu le même sort. Deux ans plus tard, à la veille de l’hiver,
faute d’avoir repris la main sur la production, la France vient d’annoncer une
pénurie d’antibiotiques.
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