Pourquoi ces tweets ? En publiant, mardi, journée de mobilisation syndicale, des messages plaintifs
sur sa « fatigue » d’être sans cesse mis en accusation pour
l’augmentation stratosphérique de sa rémunération (+ 52 %), le patron de
Total, Patrick Pouyanné, a enflammé les réseaux sociaux. Après plus de quinze
jours de débrayage dans les raffineries, voilà notre multimillionnaire, sur des
airs de Calimero, justifiant au nez des grévistes le fait de gagner en une
année l’équivalent de 300 années de Smic… Une provocation tellement
invraisemblable qu’on ne peut que s’interroger sur son sens réel. Comment ce
grand patron à la parole millimétrée, cerné par une armée de communicants,
a-t-il pu se tirer ainsi une balle dans le pied ?
Tout simplement parce que ces tweets lunaires sont
bien plus qu’un dérapage, mais plutôt un symptôme. Celui de dirigeants
d’entreprise hors-sol, tout-puissants, méprisant autant les souffrances
sociales que les conséquences environnementales de leurs juteux business. Des dirigeants
dont la priorité sera toujours de faire passer l’intérêt de l’actionnariat –
dont ils font partie et tirent la majorité de leurs revenus – avant celui des
salariés et des concitoyens. On le voit dans ce conflit. Comme on l’a vu en
2020, lorsque Patrick Pouyanné résumait ainsi, sourire aux lèvres, son
scepticisme face à la lutte contre le réchauffement climatique : « Les actionnaires, ce qu’ils veulent surtout s’assurer, c’est de la
durabilité de nos dividendes… » C’est clair, on ne peut guère attendre plus que
du cynisme de la part de ces gens-là.
Cette arrogance ne s’exprime pas par hasard. Elle
prend ses aises à mesure que recule la puissance publique. Patrick Pouyanné
peut se sentir légitime à étaler son indécence tant le gouvernement fait tout
pour le légitimer, refusant la moindre taxe sur les superprofits, évitant toute
pression sur la direction du pétrolier, dégainant les réquisitions pour mieux
écraser la grève. L’impunité se nourrit de cette soumission aux intérêts
privés, au détriment de l’intérêt général. Notre twitto « fatigué » mène un combat politique. D’autant plus aisé que la
Macronie reste son alliée.
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