Tous les coups bas sont permis au Brésil. On
connaissait la nuisance des fausses informations, ou encore les mensonges
avérés qui circulent sur les réseaux sociaux. On avait sans doute sous-estimé
la puissance de l’État, transformé en machine de guerre contre Luiz Inacio Lula
da Silva. Elle pourrait faire basculer l’issue du scrutin présidentiel de
dimanche. Au terme d’une sale campagne, l’ancien syndicaliste devance d’une
courte tête Jair Bolsonaro, galvanisé également par l’incroyable influence des
églises évangélistes auprès des plus humbles. Bien décidé à conserver son
fauteuil du palais du Planalto, le chantre de l’extrême droite a endossé les
habits du Messie, et s’en est allé prêcher sur des terres réputées à gauche.
Pour capter l’électorat populaire, l’ex-militaire a bénéficié d’un atout majeur : l’argent. On appelle cela le « pouvoir du
stylo ».
Jair Bolsonaro aligne les chèques depuis le premier
tour. Les aides sociales perçues par 20 millions de personnes ont été
revalorisées et leur versement avancé de plusieurs jours avant l’élection. Un
demi-million de Brésiliens supplémentaires seront désormais bénéficiaires de
ces conquis sociaux mis en place par Lula et poursuivis par Dilma Rousseff.
Jair Bolsonaro le sait, les grands programmes sociaux ont cimenté la popularité
des gouvernements du Parti des travailleurs. Aujourd’hui, ce pays continent
compte 33 millions de ventres creux qui votent. Et la faim est parfois
mauvaise conseillère. Ironie de l’histoire, lorsqu’il était député, Jair
Bolsonaro ne manquait jamais une occasion d’accuser la gauche d’acheter le vote
de ses concitoyens humbles grâce à ses politiques sociales.
Dans la dernière ligne droite, le candidat de
l’ultradroite s’est vu aussi gratifier du soutien du monde des entreprises,
certains patrons usant du chantage à l’emploi sur leurs salariés pour qu’ils ne
votent pas en faveur de Lula. Le môme du Nordeste, lui, espère un retour à la
normalité gouvernementale, après quatre années de désastres en chaîne. Chaque
voix sera décisive pour faire la différence. Un écart net et franc sur son
rival sera indispensable pour éviter tout déchaînement de violence dans un pays
où plus de 4 millions d’armes circulent librement. Les partisans de
Bolsonaro sont déjà chauffés à blanc. Aucun des scénarios, même le pire, n’est
écarté.
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