Un grand jeu de dupes et une farce qui a trop duré.
Depuis la rentrée, personne ne doutait du recours à cet article couperet de la
Constitution qui permet au gouvernement de passer en force un projet de loi,
sans vote. Les airs compassés des ministres expliquant vouloir « respecter le débat démocratique », alors
qu’ils attendaient juste le bon moment au regard des mobilisations sociales
pour le dégainer, n’ont leurré personne. D’autant que l’usage du 49-3 sur
le volet « recettes » du budget 2023 risque d’être le premier d’une longue série, les
macronistes n’ayant plus de majorité absolue pour gouverner. Mais après plusieurs semaines de débat
parlementaire, la logique démocratique
aurait voulu que l’exécutif reprenne les amendements votés. Ce ne sera pas le
cas.
Sans surprise, alors qu’elle n’a que les mots « débat », « dialogue » et « consensus » à la bouche,
la majorité a fait son tri sélectif, jetant à la poubelle
les amendements pour plus de justice fiscale. Pas touche aux impôts et profits
des plus aisés, mais haro sur les chômeurs et les grévistes : voilà qui résume la
rentrée politique du gouvernement.
Celui qui tente de se présenter sur la scène internationale
comme le champion de l’État de droit et en appelle régulièrement à « l’union nationale » face à la gravité des crises, ne cesse de fragiliser
la République sociale. « Nous devons nous serrer les coudes… au moment où nous sommes, nous devons être
unis et solidaires », a osé
Emmanuel Macron, la semaine dernière, alors qu’il encourage la sécession des
plus riches quand l’immense majorité des Français n’arrivent plus à joindre les
deux bouts.
Avec ce budget et les nombreux amendements de la Nupes
notamment, une occasion lui était donnée de répondre aux urgences sociales et
écologiques, d’entendre ce que les Français lui ont crié à pleins poumons lors
des manifestations du 18 octobre. Mais c’est l’aveuglement néolibéral qui
l’a une nouvelle fois emporté, le gouvernement refusant tout débat sur l’enjeu
fondamental d’une autre répartition des richesses. Comme pour le 49-3, la
question n’est plus de savoir si la colère sociale va exploser, mais quand et
comment.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire