Personne ne peut rester insensible à l’horrible drame
qui a endeuillé la famille et les proches de la jeune Lola, et au-delà ses
voisins, son quartier du 19e arrondissement de la capitale, et la France tout
entière. Avec dignité et courage, les parents de la collégienne assassinée ont
rejeté les récupérations honteuses, démarrées alors que l’enquête n’était même
pas encore bouclée. Pas sûr que les représentants politiques qui ont assisté
lundi aux obsèques de l’adolescente à Lillers, dans le Pas-de-Calais, dont le
ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, et la députée RN de la
circonscription, n’aient abandonné l’espoir d’en tirer un gain personnel ou
pour leur mouvement.
Le meurtre de Lola avait été à peine perpétré que les
réseaux d’extrême droite s’activaient à aiguillonner l’opinion publique et
transformer l’émotion naissante en obsession identitaire et xénophobe, bien
aidés par la démagogie d’un Cyril Hanouna. Pourtant, c’est peu dire que la
violence sur les enfants ne soulève pas toujours la même vague d’indignation
politico-médiatique. Ces derniers jours, la police était sur les traces d’un
père de famille en fuite, suspecté d’infanticide en Haute-Savoie. Dans le Var,
un petit garçon a succombé sous les coups du compagnon de sa mère, la veille du
meurtre de Lola. Le foyer familial où vivait le bambin avait déjà fait l’objet
d’un signalement à la justice.
Aussi révoltants soient-ils, ces faits suscitent moins
de remous, sans doute parce qu’il apparaît plus facile de s’identifier aux
parents dont l’enfant a été la victime d’une parfaite inconnue. Or la majorité
des crimes et délits sur les mineurs sont commis dans le cercle intrafamilial,
où elles ont augmenté de 10 % en France en 2020, selon le dernier rapport
de l’Observatoire national de la protection de l’enfance. Des chiffres qui
appellent une réflexion sur les politiques de prévention des violences à mettre
en œuvre et les moyens dont elles disposent. À l’opposé des cris d’orfraie de
l’extrême droite, ou des manœuvres d’un ministre songeant déjà à la prochaine
présidentielle, et pas seulement en se rasant.
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