La volonté affichée par Gérald Darmanin de durcir
l’accès au droit du sol à Mayotte est absurde, détestable et dangereuse.
D’abord parce que, contrairement à ce que voudrait faire croire le ministre de
l’Intérieur, le refus de nationalité opposé aux enfants en raison de la durée
de séjour des parents arrivés sur l’île, ne serait en aucune manière un frein à
une immigration motivée pour l’essentiel par de puissantes raisons économiques.
Elle est détestable, car elle ferait de ces enfants, dont le retour dans le
pays de leurs parents est tout à fait improbable, des sous-citoyens et des
étrangers dans le pays où ils sont nés. Dangereuse parce qu’elle est, pour ces
raisons mêmes, porteuse d’une logique d’inégalités et de profondes fractures
sociales.
Mais on ne peut s’y tromper. Il ne s’agit pas seulement
de Mayotte qui, de ce fait, se verrait attribuer un statut d’exception en
rupture avec ce que l’on peut appeler le contrat républicain. Mayotte est un
laboratoire comme on peut le lire dans l’entretien que nous publions. C’est
que, derrière le durcissement de l’accès au droit du sol, on entend la petite
musique identitaire de l’extrême droite et d’une partie de la droite,
aujourd’hui reprise par un poids lourd du gouvernement, venant lui-même de la
droite. Une petite musique qui devient un refrain, au risque de devenir un
tintamarre, avec le poids désormais du Rassemblement national à l’Assemblée où
le projet de loi sur l’immigration sera discuté.
Le droit du sol, fondamentalement, est une conquête
majeure de la République. Il ne détermine pas la nationalité par la généalogie,
le sang, le nom, l’héritage, la couleur de peau, mais par le partage d’un sol
commun. C’est une conception universaliste et citoyenne. Sa remise en cause, à
quelque degré que ce soit, est, ou serait, un coup tordu porté à la République
à l’égalité de droits en son sein, en inscrivant dans la loi, en fonction de la
naissance et de l’origine, une logique massive de discrimination dans la
nation. Certains la veulent, le ministre la prépare.
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