Rarement quatre lettres auront été le symbole d’un tel
espoir. Lula, l’ancien président du Brésil, est en mesure de déloger le triste
personnage qui occupe le palais du Planalto. Ce serait une délivrance. D’abord
pour les Brésiliens, après quatre années marquées par le grand retour de la
faim, des violences et un racisme débridé. La possible victoire du leader
du Parti des travailleurs signerait la fin des dépeçages des conquis sociaux
qui ont dopé la misère. Cette présidentielle a aussi une portée mondiale.
L’issue des législatives en Italie a montré combien fascistes et populistes
tissent une dangereuse internationale. À l’heure où la gauche connaît un
regain d’influence sur le continent, le basculement de cette nation-continent
conforterait les dynamiques progressistes d’intégration régionale face à
l’hégémonie contestée des États-Unis.
Les chantiers qui attendent Lula sont immenses, après
un mandat de débâcles. Tout est à reconstruire dans cette puissance mondiale où
les privatisations ont dopé les inégalités sociales. Mais il n’est pas écrit
que l’ancien métallo et ses alliés auront les coudées franches. Au sein de la
Chambre des députés, les bancs des « BBB » – le lobby
des armes, des églises évangélistes et de
l’agrobusiness – seront encore ultra-influents au point de contraindre
la gauche à se rabattre sur le vieux système de « présidentialisme
de coalition » trop souvent synonyme de compromissions.
La défaite annoncée de Jair Bolsonaro ne signe pas
l’arrêt de mort du bolsonarisme. Le discrédit des dirigeants politiques et des
institutions, dont le coup d’État contre Dilma Rousseff fut une dramatique
conséquence, ou encore la machine tentaculaire de fake news des réseaux sociaux
ont participé à l’adhésion idéologique d’une bonne partie de la population à
l’extrême droite. Cette fracture ne disparaîtra pas au lendemain du scrutin.
L’appât du gain non plus. Bolsonaro et ses acolytes, une partie de l’armée et
des corps de police ne sont pas prêts à renoncer au pouvoir. C’est bien le
devenir de la démocratie qui se joue aussi au fond des urnes ce dimanche.
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