C’est une journée que l’exécutif va scruter de près.
Premier rendez-vous national de grève et de manifestations pour la hausse des
salaires et le pouvoir d’achat, ce 29 septembre va donner une mesure de la
colère sociale qui couve depuis des mois. Pansements cache-misère, jeu du chat
et de la souris sur la future « réforme » des
retraites… Emmanuel Macron aura tout tenté pour étouffer les
mobilisations sociales. Mais l’interminable
feuilleton des retraites pourrait bien se retourner contre lui.
Ses atermoiements sur la « méthode » (un amendement dans le projet de loi de financement
de la Sécurité sociale présenté cette
semaine ou un texte dédié plus tardif) en disent long sur sa fébrilité
politique. L’exécutif a voulu éviter d’étoffer les rangs des manifestants ce
jeudi tant son projet de recul de l’âge légal de départ à la retraite fait
l’unanimité des syndicats contre lui. Tout est lié : le combat
pour les salaires, avec l’enjeu des cotisations,
est aussi celui pour la Sécurité sociale et son financement, les retraites et
l’assurance-chômage.
C’est ce que redoutent le plus les serviteurs zélés du
capitalisme mondialisé : qu’à la faveur
de l’imbrication des crises sociale et climatique un
puissant mouvement populaire remette en cause l’ensemble du système. Certes,
nous n’en sommes pas là. Mais ce qui est appelé la crise du « pouvoir d’achat », en réalité la détérioration historique de nos conditions de vie, peut s’avérer un
puissant moteur de lutte des classes. La grève enclenchée par les salariés de
TotalEnergies est emblématique du moment. Le géant français, un des plus grands
pollueurs de la planète, a doublé son bénéfice cette année avec
5,7 milliards d’euros de profits. En 2021, son PDG, Patrick Pouyanné, le
même qui demande aux Français de la sobriété et refuse une augmentation à ses
salariés, s’en est octroyé une de 52 %, pour atteindre la coquette rémunération
annuelle de 5,9 millions. Ce
mercredi, alors que 70 % des salariés de ses raffineries étaient en grève pour exiger une hausse de salaires,
le groupe annonçait, toute honte bue, verser à ses actionnaires un acompte sur
dividende exceptionnel de 2,62 milliards d’euros… Pour eux, la fin de
l’abondance, c’est pour quand ?
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