mardi 20 septembre 2022

« Faire résonner l’espoir de la paix », l’éditorial de Fabien Gay dans l’Humanité.

 


Plus de 3 millions de personnes en situation de détresse alimentaire au Yémen, l’Afghanistan tombé aux mains des talibans, la Palestine toujours sous occupation israélienne… la liste des conflits armés est longue: on dénombre 37 théâtres de guerre dans le monde actuellement. En envahissant lUkraine, Poutine a rappelé à lEurope que la guerre, qui détruit, sème le chaos et la mort, qui force à lexil, nest jamais loin. Aujourdhui encore, la cloche de la paix de l’ONU résonne malheureusement plus souvent comme un glas que comme un chant d’espoir.

Où qu’elle soit mise en œuvre, la logique belliciste doit être combattue. Par où arrive-t-elle? Ses voies sont multiples. Par le nationalisme, par le racisme qui conduisent aux discriminations, au repli sur soi et à la haine, et à terme à la violence. Par le colonialisme, qui sévit encore à travers le monde – et notre propre histoire est lourde de faillites et d’oppressions à cet égard. Par le capitalisme mondialisé et le marché effréné qui entraînent une course au profit, une course à la domination et, de fait, au surarmement… sous couvert de dissuasion. Cet emballement ne peut conduire qu’à un processus d’engrenage, de surenchère, et à une remilitarisation des relations internationales. Le mythe du marché pacificateur des relations internationales est loin derrière nous, l’expérience a montré ses limites.

Il perdure pourtant, parce que la guerre n’abîme guère les puissants, qui s’enrichissent sur son terreau. En revanche, elle détruit les peuples, qui la subissent toujours de plein fouet, non seulement par les armes, les violences, les viols, mais aussi par la misère et les crises qui l’accompagnent. Elle touche plus violemment encore la jeunesse du monde, toujours en première ligne, qu’on envoie à la boucherie; enfin, elle ravage la planète et détruit la nature et la biodiversité. «La paix est le plus grand des combats», disait Jean Jaurès, ce combat est plus que jamais urgent et nécessaire. Les luttes des peuples pour leur liberté et leur émancipation, tout comme le combat contre le surarmement, particulièrement nucléaire, sont primordiales.

Pourtant, la paix se voit trop souvent encore définie par la simple opposition à la guerre, par sa négative ou son absence, ou par l’interruption des combats – cessez-le-feu –, comme si elle n’était qu’un épisode sans guerre, un état somme toute vide de conflits – armés – et temporaire. Mais la paix n’est pas un vide ou une absence; elle est un projet politique, un horizon, celui d’une humanité pleine et entière, celui d’un monde dans lequel les peuples passent avant les profits, dans lequel les échanges ne sont pas uniquement commerciaux, dans lequel le racisme et toutes les discriminations sont abolis. Un monde dans lequel la sécurité humaine collective est primordiale, les droits humains sont garantis, où chacune et chacun peut vivre et s’épanouir en toute sécurité. Un monde où la solidarité advient entre tous les peuples et où la fraternité ne connaît pas de distinction, ni de frontières.

En cette Journée internationale de cessez-le-feu et de non-violence, mais aussi d’aspiration à la paix, formons le vœu que la cloche de la paix redevienne un son d’espoir et un horizon pour l’humanité entière.

 

 

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