vendredi 2 septembre 2022

« Chili, l’avant et l’après », l’éditorial de Cathy Dos Santos dans l’Hmanité.

  


La date du 4 septembre a une résonance particulière au Chili. Ce jour-là, en 1970, le socialiste Salvador Allende remportait la présidentielle grâce à l’Unité populaire et son audacieux programme de transformations sociales. Un espoir assassiné en 1973 par le coup d’État. Cinquante-deux ans plus tard, le pays est de nouveau à la croisée des chemins. Les Chiliens peuvent défaire ce dimanche l’héritage politique du dictateur Augusto Pinochet, en se prononçant en faveur d’une nouvelle Constitution débarrassée du corset néolibéral imposé dans le sang par le tortionnaire de Santiago. Du cours d’eau aux cimes des glaciers, en passant par la santé et l’éducation, tout a été jusqu’à présent ravalé au rang de marchandises.

Moment crucial, rendu possible par l’extra- ordinaire rébellion d’octobre 2019 qui a ébranlé les fondements du legs pinochétiste. Elle est parvenue à imposer un processus constituant – en dépit d’une campagne ahurissante – et, dans la foulée, a participé de l’élection du jeune président de gauche, Gabriel Boric. Cet élan populaire est de nouveau convoqué aux urnes et il ne doit pas faire faux bond. La nouvelle loi fondamentale consacre des droits sociaux, sociétaux, environnementaux et économiques inédits. Un avant et après peut se dessiner au Chili, à la seule condition que le oui l’emporte.

Le caractère profondément novateur du texte a galvanisé l’opposition, malgré les échecs essuyés depuis 2019. Les partisans du Rechazo (rejet), qu’ils soient d’extrême droite ou du centre gauche, se sont lâchés. Mensonges éhontés, insultes, menaces, actes de violence, délires anticommunistes: tout aura été bon surtout le pire pour matraquer lopinion publique. Le résultat se jouerait dans un mouchoir de poche. Cette polarisation nest pas de bon augure pour la suite. «La victoire n’était pas facile, plus difficile sera de consolider notre triomphe et construire la nouvelle société, la nouvelle coexistence sociale, la nouvelle morale et la nouvelle patrie», avait déjà mis en garde Salvador Allende, le soir du fameux 4 septembre 1970.

 

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