vendredi 19 août 2022

« Vacances propres et pour tous », l’éditorial de Stéphane Sahuc dans l’Humanité.



Ils sont de plus en plus nombreux à choisir de passer des vacances autrement. Refuser de prendre l’avion pour ­réduire son empreinte carbone, préférer le train à sa voiture, se balader à pied, à vélo en étant respectueux de l’environnement… Les bonnes raisons pour changer sa conception des congés ne manquent pas. Mais, pour une famille, qui fait ce choix de manière volontaire, combien sont contraintes de modifier leurs projets faute de moyens? Et combien ne se posent même pas la question car, pour elles, partir est un luxe inatteignable?

Dans son édition du 15 août, le 20 heures de France 2 proposait un reportage sur une famille normande «qui sest offert ses congés d’été grâce à la débrouille et aux coupons de réduction». Pour cette maman et son fils, le choix du lieu et des activités de cette petite semaine ailleurs a été conditionné à la traque des rabais en tout genre. Pour d’autres, ce sera par l’existence ou non de structures et dispositifs sociaux ou solidaires. Débrouille ou solidarité ne peuvent plus rester des synonymes de vacances pour de trop nombreuses familles. Le respect ou non du droit aux vacances révèlent le sens que prend une société. Le Front populaire en inventant les congés payés avait, dans la foulée, créé le «billet populaire de congés annuels» qui permettait de prendre le train pour pas cher. Lobjectif était de «recréer le sens de la joie et celui de la dignité», expliquait Léo Lagrange. En proposant des journées à la mer, le PCF ou le Secours populaire français continuent de faire vivre cet objectif.

Mais repenser la massification et la ­démocratisation des vacances comme un véritable droit qui articule les problématiques environnementales, sociales, économiques, culturelles et sanitaires ne peut être renvoyé à la seule responsabilité individuelle. Les légitimes et justes soucis écologiques ou de préservation du patrimoine peuvent se traduire par le choix de vacances «propres et pour tous». Ils ne doivent pas être instrumentalisés pour réguler par largent et donc justifier de réserver l’accès au «beau», au «rare» aux classes ­les plus aisées.

COMBIEN SONT CONTRAINTS DE MODIFIER LEURS PROJETS FAUTE DE MOYENS?

 

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