samedi 20 août 2022

« La fête de l’Humanité, antidote à la macronie », l’éditorial de Cathy Dos Santos dans l’Humanité Magazine.

 


La France a soif. À mesure que le thermomètre s’emballe, les sols se fendent, les champs se désertifient, et les réserves d’eau s’amenuisent. Sous l’effet de la canicule, ou encore de feux dévastateurs, les Français prennent conscience que le dérèglement climatique est déjà là. Une enquête de YouGov réalisée au début du mois révèle que 78 % des personnes interrogées se disent «inquiètes» quant à la vague de sécheresse qui frappe notre pays. Les sondés pointent de concert l’inaction du gouvernement: à 70 %, ils pensent que l’État «nen fait pas assez». Les recommandations, notamment celles du Groupe dexperts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), ne manquent pas. Mais les mesures préconisées sont difficilement conciliables avec un capitalisme prédateur pour les hommes et la nature, comme le dénonçait déjà Karl Marx en son temps. Les États ont rendez-vous avec l’histoire. La France, elle, se contente d’effets d’annonce et de choix contre-productifs.

Début août encore, le secrétaire général des Nations unies qualifiait d’«immoral» le fait «que les entreprises pétrolières et gazières fassent des profits record» grâce à la crise énergétique, et «sur le dos des populations et des communautés les plus pauvres, avec un coût massif pour le climat». Quelques jours plus tôt, le groupe Total affichait avec insolence un bénéfice net de 5,7 milliards deuros de profits au deuxième trimestre grâce à lenvolée des prix à la pompe, qui affectent dautant le porte-monnaie des ménages français. Dans son adresse aux dirigeants, Antonio Guterres a appelé «tous les gouvernements à taxer ces profits excessifs, et à utiliser ces fonds pour soutenir les plus vulnérables en ces temps difficiles». Lexécutif français a fait exactement le contraire.

Alors que certains de nos voisins européens ont adopté des impôts exceptionnels pour remédier à l’inflation, le gouvernement d’Élisabeth Borne s’est contenté des miettes consenties par les grandes entreprises. Les députés de gauche avaient pourtant plaidé pour l’instauration d’une «taxe exceptionnelle de 25 % sur les superprofits» des sociétés pétrolières et gazières, des entreprises de transport maritime et des concessionnaires dautoroutes. Les macronistes et «Les Républicains» se sont entendus pour balayer cette proposition. «Emphase idéologique», a tancé le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire. «Moi, je préfère faire plaisir à nos compatriotes en obtenant des remises qui vont directement dans leurs poches plutôt que dans la poche du Trésor public», a-t-il même osé déclarer.

La maison brûle, et le gouvernement regarde ailleurs. Les dossiers de la rentrée – assurance-chômage, RSA, immigration – sont déjà marqueurs de régression sociale et de stigmatisation de l’autre. La crise multidimensionnelle commande pourtant d’avancer des réponses protectrices dignes d’un véritable État de droit. La Fête de l’Humanité sera l’exact opposé du mépris social et de la haine de classe affichés par l’exécutif. Notre journal installera ses quartiers les 9, 10 et 11 septembre sur la Base 217 du Plessis-Pâté, dans l’Essonne. Si la Fête fait peau neuve en ce nouveau lieu, son ADN demeure intact. Cette manifestation humaine, politique, culturelle n’a pas d’égale. Les intelligences, les esprits libres et combatifs y convergent pour penser, échanger, se confronter dans le respect de chacun. Les idées, les révoltes et les propositions y essaiment. Cette année encore, la Fête sera un extraordinaire antidote à la Macronie. Nous avons hâte de nous y retrouver.

 

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