La France a soif. À mesure que le thermomètre
s’emballe, les sols se fendent, les champs se désertifient, et les réserves
d’eau s’amenuisent. Sous l’effet de la canicule, ou encore de feux
dévastateurs, les Français prennent conscience que le dérèglement climatique
est déjà là. Une enquête de YouGov réalisée au début du mois révèle que
78 % des personnes interrogées se disent « inquiètes » quant à la vague de sécheresse qui frappe notre pays. Les sondés pointent de concert l’inaction du gouvernement : à 70 %, ils
pensent que l’État « n’en fait pas
assez ». Les
recommandations, notamment celles du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), ne manquent pas. Mais les mesures préconisées sont
difficilement conciliables avec un capitalisme prédateur pour les hommes et la
nature, comme le dénonçait déjà Karl Marx en son temps. Les États ont
rendez-vous avec l’histoire. La France, elle, se contente d’effets d’annonce et
de choix contre-productifs.
Début août encore, le secrétaire général des Nations
unies qualifiait d’« immoral » le fait « que les entreprises pétrolières et gazières fassent des profits record » grâce à la crise énergétique, et « sur le dos des populations et des communautés les plus pauvres, avec un coût massif pour le climat ». Quelques
jours plus tôt, le groupe Total affichait avec insolence un bénéfice net de
5,7 milliards d’euros de profits au deuxième trimestre
grâce à l’envolée des prix à la pompe, qui affectent d’autant le porte-monnaie des ménages français. Dans son
adresse aux dirigeants, Antonio Guterres a appelé « tous les
gouvernements à taxer ces profits excessifs, et à utiliser ces fonds pour soutenir les plus vulnérables en ces temps difficiles ». L’exécutif français a fait exactement le contraire.
Alors que certains de nos voisins européens ont adopté
des impôts exceptionnels pour remédier à l’inflation, le gouvernement
d’Élisabeth Borne s’est contenté des miettes consenties par les grandes
entreprises. Les députés de gauche avaient pourtant plaidé pour l’instauration
d’une « taxe
exceptionnelle de 25 % sur les
superprofits » des sociétés pétrolières et gazières, des entreprises de transport maritime et des
concessionnaires d’autoroutes.
Les macronistes et « Les Républicains » se sont
entendus pour balayer cette proposition. « Emphase idéologique », a tancé le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire. « Moi, je préfère faire plaisir à nos compatriotes en obtenant des remises qui vont directement dans leurs
poches plutôt que dans la poche du Trésor public », a-t-il même osé déclarer.
La maison brûle, et le gouvernement regarde ailleurs.
Les dossiers de la rentrée – assurance-chômage, RSA, immigration –
sont déjà marqueurs de régression sociale et de stigmatisation de l’autre. La crise
multidimensionnelle commande pourtant d’avancer des réponses protectrices
dignes d’un véritable État de droit. La Fête de l’Humanité sera l’exact opposé
du mépris social et de la haine de classe affichés par l’exécutif. Notre
journal installera ses quartiers les 9, 10 et 11 septembre sur la Base 217
du Plessis-Pâté, dans l’Essonne. Si la Fête fait peau neuve en ce nouveau lieu,
son ADN demeure intact. Cette manifestation humaine, politique, culturelle n’a
pas d’égale. Les intelligences, les esprits libres et combatifs y convergent
pour penser, échanger, se confronter dans le respect de chacun. Les idées, les
révoltes et les propositions y essaiment. Cette année encore, la Fête sera un
extraordinaire antidote à la Macronie. Nous avons hâte de nous y retrouver.
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