Le 28 juillet marquait le jour du dépassement,
cette date bascule à partir de laquelle l’humanité a épuisé ses ressources
annuelles et commence donc à vivre à crédit. Ce 8 août marque le jour du
ruissellement. Le 9 aussi. Et le 10. Chaque jour de l’année en fait. Il se
trouve donc que les libéraux ont raison : leur théorie du ruissellement s’avère opérante. C’est du sommet de la pyramide des richesses que se déverse un tombereau d’émissions de gaz à effet de
serre sur une population mondiale dont les plus atteints sont toujours les plus
démunis. Si notre maison brûle, on connaît les pyromanes : les
milliardaires. Il faut encore et toujours citer l’étude des ONG Oxfam et Greenpeace : 63 milliardaires émettent autant de CO 2 que la moitié de la population hexagonale. 63 d’un côté, 34 millions de l’autre ! À titre d’exemple, le vol dominical de l’un de nos « champions
nationaux » affiche un bilan carbone égal à celui de 925 années de WiFi.
Nous ne stigmatisons pas – quoique – des individus qui
ont pour nom Musk, Abramovitch ou Arnault, mais les incarnations d’un système
économique et d’organisation sociale connu. On pourrait ici paraphraser le
fondateur de ce journal en écrivant que le capitalisme porte en lui l’écocide
comme la nuée porte l’orage. Si le système a ses mandataires, il a aussi ses
syndics. On les repère assez aisément au fait qu’ils n’appellent à la sobriété
que l’agriculteur arrosant son champ et le particulier branchant sa clim – et
aucun doute qu’il faille là aussi changer d’habitudes et de méthodes. Tout,
sauf toucher au cœur du réacteur : le détenteur du
capital. On reconnaîtra, entre
autres, la figure de Bruno Le Maire, qui ne prononce le verbe « taxer », même pour le conjurer, sans pouvoir réprimer un hoquet d’effroi.
Et pourtant, c’est bien le début du chemin : « taxer », ou, dans
le langage de la Nupes, « créer un ISF climatique », adaptation du vieux principe du « pollueur-payeur », point de départ du financement d’une transition écologique
qui ne pourra s’accommoder
de la suraccumulation des richesses.
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