jeudi 18 août 2022

« Racket organisé »,l’éditorial de Cathy Dos Santos dans l’Humanité.



Bientôt, les pastèques ou encore les ingrédients d’une bonne ratatouille seront à chercher du côté des rayons des produits de luxe. En raison de leur coût, ces denrées ont déjà commencé à déserter les tables de trop nombreux foyers. En un an, le prix des fruits et des légumes a en effet grimpé de 11%, selon lassociation de consommateurs Familles rurales, qui relève que le fameux melon deau a pris plus de 40%. Ce nest plus une envolée mais un braquage. On impute cette flambée à la météo capricieuse, et à la sécheresse qui plombe la production et provoquerait des pénuries. Mais c’est compter sans les marchandises importées qui inondent les étals de nos marchés et de nos magasins. Ce raz-de-­marée soulève, à juste titre, de graves inquiétudes sanitaires et environnementales. Et vient menacer une souveraineté alimentaire déjà bien malmenée.

L’inflation est également pointée du doigt. Mais elle ne justifie pas que les prix des fruits et des légumes soient deux fois plus élevés qu’elle. La responsabilité de ce racket n’est pas non plus à chercher du côté des petits agriculteurs qui, dans leur majorité, survivent avec de maigres ressources. À ce propos, l’État serait bien inspiré de mieux soutenir leurs revenus, gages de pérennité des exploitations familiales et de proximité respectueuses de la nature et de la qualité de leur production. Ce serait un moyen efficace de contrer les impacts néfastes de la culture intensive.

Les organisateurs des prix illégitimes ont pour nom la grande distribution et les centrales d’achats. À l’opposé, chaque année, des producteurs participent aux journées de ventes solidaires de fruits et légumes organisées par le PCF en partenariat avec le Modef. Les consommateurs peuvent y acheter des produits non pas à prix cassés mais au prix juste, car ils échappent aux marges abusives des mastodontes de la distribution. Pour atténuer les effets de la spirale inflationniste, le gouvernement doit prendre des mesures d’urgence. À commencer par l’encadrement des prix d’achat et de vente des denrées alimentaires.

 

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