C’était il y a soixante-dix-sept ans et, pourtant, les
brûlures des deux bombes nucléaires larguées par les États-Unis sur les villes
japonaises d’Hiroshima et Nagasaki, les 6 et 9 août 1945, sont toujours à
vif. Les explosions et leurs suites ont fait des centaines de milliers de
morts, mais le vrai bilan reste incalculable. Les plaies sont encore béantes
chez les survivants et les générations suivantes, qui ont eu à souffrir dans
leur chair des conséquences de ce carnage froidement vengeur. Les rescapés ont
consacré leur vie à combattre la bombe atomique, cet engin de destruction
apocalyptique. Puissent-ils vraiment être entendus, à l’heure où la perspective
d’un recours à l’arme nucléaire se fait si insistante.
« Nous avons été extraordinairement chanceux jusqu’à présent. Mais la
chance n’est pas une stratégie ni un bouclier pour empêcher les
tensions géopolitiques de dégénérer en conflit nucléaire », a mis en garde le
secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, lors de l’ouverture, le
1er août, de la conférence des 191 pays signataires du traité de
non-prolifération nucléaire (TNP). La guerre en Ukraine et les discours
menaçants de Vladimir Poutine ont fait monter d’un cran le danger. Pour
l’heure, l’escalade atomique n’est que verbale, mais aucun passage à l’acte
n’est à exclure. Si le président russe s’est complu à raviver de terribles
spectres, on aurait tort de circonscrire la renucléarisation des tensions
internationales au conflit en Ukraine et aux visées du Kremlin.
La course aux armements qui alimente aussi les
arsenaux nucléaires s’est emballée bien avant que les armes ne parlent à Kiev.
À l’occasion de la conférence du TNP, Paris, Washington et Londres exigent de
la Russie qu’elle cesse ses chantages bellicistes. Intention louable mais
pétrie d’hypocrisie. La France, si prompte à faire la leçon, est la première à
ne pas respecter ses engagements visant à réduire son stock d’armes atomiques,
comme le recommande l’article 6 du TNP. Elle refuse d’entendre parler du
traité international pour l’interdiction des armes nucléaires, signé par 66
nations. Le salut de l’humanité réside pourtant dans le désarmement. Il n’y a
pas d’autre solution, sauf à commettre l’irréparable et revivre, en pire, le
cauchemar d’Hiroshima et Nagasaki.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire