Les profits montent, la colère aussi… Il y a des
moments dans la vie politique où nous nous demandons ce qu’il faudrait
convoquer pour en finir avec l’indécence des puissants. Le «bon sens»? Un peu
de «justice»? Et pourquoi pas la «morale», tant que nous y sommes? Alors que,
dans les foyers, les fins de mois difficiles voire impossibles rendent si rude
la vie quotidienne, le gouvernement, aux abois et contraint à quelques
compromissions avec LR et le RN, se félicite à cor et à cri du second volet de
mesures sur le pouvoir d’achat adoptées à l’Assemblée… et conclut par un vote
contre le sort des retraités. Tout un symbole. Pas de revalorisation des
prestations ou pensions au niveau de l’inflation. Et refus catégorique de taxer
les superprofits.
«Taxer» s’avère d’ailleurs un verbe assez impropre.
Parlons plutôt d’imposition. Cela empêchera au moins Bruno Le Maire de
déclarer: «Une taxe n’a jamais amélioré la vie de nos compatriotes.» Propos
absurdes, mais passons. Reste une réalité: les Français galèrent, mais, dans
le même temps, les grandes entreprises du CAC 40 ont déboursé en dividendes 174
milliards d’euros à leurs actionnaires. Les patrons de TotalEnergies, Engie,
LVMH ou Carrefour vont bien, merci pour eux! Ils sont sortis renforcés de la
pandémie, ils bénéficient de la guerre en Ukraine et du «choc énergétique».
Bref, en toute impunité capitalistique, ils profitent de toutes les crises sans
se soucier de la solidarité nationale. Ils ont même eu le toupet d’appeler les
citoyens à «réduire leur consommation d’énergie», à commencer par celui de
Total, qui a augmenté son propre salaire de 52 % en 2021, passant à 5,9
millions d’euros annuels. Jeudi, la compagnie a annoncé avoir plus que doublé
son bénéfice net au deuxième trimestre, à 5,7 milliards, soit 17,7 milliards
sur le seul premier semestre 2022. Sachant que le groupe n’aurait pas payé
d’impôts sur les sociétés en France, ni en 2019, ni en 2020. Une honte.
L’imposition des superprofits figurait dans le
contre-projet présenté par la Nupes, sous la forme d’une taxe exceptionnelle de
25% sur les dividendes des sociétés pétrolières et gazières, des sociétés de
transport maritime et des concessionnaires d’autoroutes qui réalisent un
chiffre d’affaires supérieur à un milliard d’euros. Voilà l’une des réponses à
l’urgence sociale absolue. Pas la révolution. Juste le début d’une nouvelle
répartition des richesses…
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