C’est donc par le biais d’une OPA sur les actions
qu’il ne détient pas, à hauteur de 9,7 milliards d’euros, que le
gouvernement revient à la charge pour procéder à un possible démantèlement
d’EDF. Point de loi de nationalisation, donc, mais un rachat par le
marché… et pour le marché. Et pour cause : l’objectif du
gouvernement n’est pas de ramener l’énergie dans le giron de l’État, mais
bien d’avoir les mains libres avec l’électricien, sous
couvert de mise en œuvre du programme nucléaire et de déploiement des énergies
renouvelables. Une OPA, donc, pour racheter les 15,9 % d’actions détenues
par les actionnaires minoritaires, les collectivités et les salariés de
l’entreprise, qui sont un caillou dans la chaussure de l’État.
Cette OPA est la première phase d’une restructuration
plus vaste. Si la constitution d’un pôle public de l’énergie est urgente,
l’énergie étant un bien commun nécessaire à tous et relevant donc du service
public, ce n’est pas l’option retenue. Le projet du gouvernement est de sortir
EDF de la Bourse, mais certainement pas de sortir l’énergie du marché européen
ou d’en finir avec le système abscons de l’Arenh (accès régulé à l’électricité
nucléaire historique). Les premiers plans de restructuration, « Hercule », puis, plus
modestement mais sensiblement identique, le « Grand EDF » prévoyaient une
vente à la découpe de l’entreprise, notamment des ENR ou encore d’Enedis. Rien n’est dit sur ce nouveau projet, renvoyé à discussion avec la Commission
européenne. Mais il y a fort à parier qu’il ressemblera aux deux précédents –
avec la différence notable que, cette fois, on étatise d’abord, pour privatiser
dans un second temps.
Les crédits nécessaires à l’OPA seront soumis au vote
du Parlement dans la loi de finances rectificative pour 2022, et sa
finalisation est prévue pour l’automne. On demande donc au Parlement de voter
des crédits sans connaître précisément le projet. Ce que demande le gouvernement,
c’est un blanc-seing pour réaliser ce qu’il a décidé, sans consulter, sans
informer, sans débat, dans une opacité totale et, au fond, dans un mépris total
des salariés et des usagers. Ce nouveau quinquennat ressemble donc fort au
précédent.
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