PARLEMENT Le député communiste André Chassaigne
affiche son refus de la main tendue d’Emmanuel Macron et appelle le chef de
l’État à faire sa « révolution
copernicienne ».
Alors qu’Emmanuel Macron a renouvelé Élisabeth Borne
dans ses fonctions, malgré l’absence de majorité absolue, André Chassaigne
rappelle que la Nupes déposera une motion de censure si la première ministre ne
se soumet pas à un vote de confiance des députés. Le communiste se félicite par
ailleurs de la progression du groupe GDR, qu’il préside.
Emmanuel Macron charge Élisabeth Borne de bâtir un « gouvernement
d’action », tendant la main aux groupes parlementaires allant « des
communistes à LR », pour adopter ses réformes. Quelle est votre réaction ?
Je préférerais que le chef de l’État fasse sa
révolution copernicienne, faisant ainsi en sorte de répondre aux enjeux de
notre pays : la hausse des salaires, des retraites, le devenir des services publics et
les questions environnementales. Quant à notre posture, la pratique
parlementaire des députés PCF reste la même. Nous détricoterons chacune des
lois qui nous seront soumises, en sortant les éléments régressifs comme
positifs. Mais cela ne signifie pas que nous sommes prêts à voter des lois qui
dans leur globalité ne répondront pas aux urgences sociales. Pour les
communistes, il n’est pas question d’une participation gouvernementale, mais de
réaliser un travail législatif de fond et d’encourager les mouvements sociaux,
sans lesquels aucun bougé de la politique gouvernementale ne sera possible.
D’ailleurs, de quel droit se permet-il d’exclure la France insoumise ? Je n’admets pas que l’on me donne un diplôme de vertu,
ou de valeurs républicaines, en diabolisant une autre composante de la Nupes.
Bien évidemment, si Élisabeth Borne ne se soumet pas à un vote de confiance,
nous déposerons dans les heures qui suivent une motion de censure, obligeant
ainsi chaque député à se positionner.
Les parlementaires PCF réclament de longue date
l’inscription dans la Constitution du droit à l’IVG. En 2019, une proposition
de loi constitutionnelle présentée par des élus de toute la gauche a été
rejetée par LaREM, qui désormais prend cette mesure à son compte. Comment
expliquez-vous cette volte-face ?
Ces revirements ont cours depuis plusieurs mois. Lors
de la précédente mandature, les textes de loi que nous avons portés, parfois
avec toute la gauche, ont été balayés d’un revers de la main par la Macronie.
Sur l’allocation adulte-handicapé, le gouvernement n’a jamais rien lâché, alors
que plusieurs groupes sont revenus à la charge. Et, semble-t-il, l’exécutif
pourrait faire machine arrière. Idem sur notre proposition de loi relative aux
déserts médicaux, qui instaurent des mesures contraignantes, obligeant
notamment les jeunes diplômés à s’y installer. Et maintenant, sur un sujet
aussi important que l’IVG, ils reviennent sur un refus. Tant mieux ! Mais la
politique ne peut se faire à la petite
semaine. C’est pour cela que les groupes de la Nupes se sont mis
d’accord pour une démarche législative conjointe.
L’intergroupe parlementaire de la Nupes se réunira
chaque semaine. En quoi cette instance est-elle utile pour résister au projet
de casse sociale d’Emmanuel Macron ?
Les quatre groupes de gauche marcheront sur des
chemins parallèles, en conservant leurs propositions de loi, leurs niches
parlementaires et leurs droits de tirage. Mais il faudra frapper ensemble et
l’intergroupe permettra la mise en œuvre d’actions communes et coordonnées. Les
communistes garderont leurs pratiques, leur culture et même parfois leurs
désaccords avec le reste de la gauche. D’ailleurs, je me félicite que le
groupe GDR se soit renforcé, passant de 16 à 22 membres. Les
députés de Guyane Davy Rimane et Jean-Victor Castor, et ceux de Martinique
Jiovanny William et Marcellin Nadeau siégeront aux côtés des douze élus PCF et
six ultramarins qui composent déjà ce groupe, fort de plusieurs partis
politiques qui s’enrichissent mutuellement.
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