Ils sont nombreux à verser des larmes de crocodile sur
le sort du Yémen. À déplorer une « sale guerre », comme l’a fait
régulièrement le gouvernement Macron. Mais ces éléments de langage ne sont là
que pour dissimuler une hypocrisie sans limite. Car, derrière cette affliction
de façade, le commerce de la mort, lui, prospère avec l’assentiment discret de
l’État français. Dassault, Thales, MBDA France : ces trois fleurons technologiques de l’Hexagone, comme le dénoncent des ONG dans une plainte déposée au tribunal de Paris, alimentent ce conflit monstre
depuis 2015 par leurs ventes d’armes à la coalition menée par l’Arabie saoudite. Et se rendent, au nom du saint business,
potentiellement complices des crimes de guerre perpétrés par cette dernière sur
la population yéménite.
Les Mirage 2000, Rafale et autres canons Caesar
ne sont pas des marchandises comme les autres. Leur vente à un pays étranger
doit être approuvée par une commission interministérielle, entrer dans le cadre
du traité international sur le commerce des armes et de la position commune de
l’Union européenne. Ces engins de mort ne peuvent être transférés s’ils peuvent
servir à commettre ou faciliter des violations graves du droit international
humanitaire. Or, c’est précisément ce qui se déroule au Yémen où se succèdent
attaques aveugles et bombardement illégaux contre les civils, disparitions
forcées, actes de torture, violences sexuelles… Depuis 2014, on dénombre 300 000 victimes, 5 millions de déplacés et une famine généralisée. Les
populations comptent leurs morts. Les géants français de l’armement, eux, comptent leurs ventes record (8 milliards d’euros, précisément) effectuées dans le même temps.
Face à de telles accusations, les gouvernements
Hollande et Macron sont toujours restés dans le déni. Chaque demande de
suspension des ventes – encore réitérée par le sénateur PCF Éric Bocquet en
2021 – a été rejetée. Et un voile d’opacité tendu sur ce commerce de la honte.
Une absence de transparence aussi insupportable que coupable. Les armes, il y a
ceux qui les vendent, ceux qui les achètent et ceux qui en paient le prix. Il
est temps que ces derniers priment sur toute autre considération.
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