L’élection d’un député de la Nupes à la tête de la
commission des Finances n’efface pas la tache sombre de l’élection du bureau de
l’Assemblée nationale, la veille, qui a vu la promotion de deux représentants
de l’extrême droite comme vice-présidents de la Chambre. Ce fait sans précédent
et la responsabilité devant l’histoire de ceux qui l’ont permis par leur vote,
ont été vite banalisés par les commentateurs et analystes de tous bords. Comme,
du reste, est banalisée désormais chaque étape de la progression du RN vers les
sommets du pouvoir. L’argument repris en boucle est que l’on ne peut pas priver
des élus du peuple des charges qui leur reviennent, sauf à désavouer le choix
des électeurs eux-mêmes. Mais si personne ne conteste le résultat des élections
législatives, intégrer le bureau de l’Assemblée n’est pas un droit, encore
moins le résultat de l’application de règles sur lesquelles les députés
n’auraient aucune prise.
La réalité, la voici : après le
discours du doyen de l’Assemblée suintant la nostalgie de l’Algérie française et la
négation des crimes commis en son nom, les plus hautes responsabilités ont été
confiées à deux députés du même groupe que lui à la majorité absolue des
suffrages – 290 voix pour l’un, 284 pour l’autre. Deux cents de leurs
collègues d’autres groupes ont donc, dans le secret du vote, donné leurs voix à
l’extrême droite alors que rien ne les y obligeait. C’est un choix politique.
Et avec deux vice-présidences accordées au RN sur six, soit un tiers du total,
le prétexte de la répartition proportionnelle des responsabilités ne tient pas.
Ce qui est valable entre forces républicaines ne peut
l’être avec le RN, sauf à se dire que les frontières entre l’acceptable et
l’inacceptable n’ont plus aucun sens. De quel danger pourra-t-on encore mettre
en garde les électeurs, après cet épisode ? Cette promotion sert en fait de marchepied pour
passer de futurs compromis à l’Assemblée nationale avec les élus d’extrême droite. S’ils sont intégrés aux institutions, pourquoi refuser leurs voix pour
faire passer les réformes ? Voilà ce qui se
prépare dans les couloirs du Palais-Bourbon, et le respect
des électeurs.
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