Anthologie Il fut l’amant puis l’époux de Duras, et l’ami de Robert Antelme. Certains textes du militant dans lesquels il loue la « révolution par amitié » sont ici rassemblés.
Issu d’une famille d’immigrés italiens, l’homme de
lettres et résistant Dionys Mascolo a été l’amant de Marguerite Duras, qui
était alors mariée avec Robert Antelme. Il fut en vérité le meilleur ami de ce
dernier, son seul ami, dont il avait fait connaissance rue Saint-Benoît, à
Paris, où Antelme vivait avec Duras et où se réunissait le réseau de résistance
de François Mitterrand, le « Mouvement national des prisonniers de guerre et déportés ». Un autre
de ses grands amis, Georges Bataille, disait que le monde des amants n’est pas
moins vrai que celui de la politique – ce que Maurice Blanchot, autre acteur du
groupe de la rue Saint-Benoît, appelait « la communauté des amants » et que Bataille traduisait par « la communauté de ceux qui n’ont pas de communauté »…
Toujours d’une grande lucidité
Tous ces êtres se battaient contre le nazisme, dont
Robert Antelme sera victime quand il sera déporté à Dachau, mais dont il
reviendra. Il le racontera dans un des plus grands livres jamais écrits sur les
camps : l’Espèce humaine. Mais tous ces militants étaient aussi à la recherche de ce que Dionys
Mascolo a appelé « un communisme de pensée ». L’auteur a même publié,
en 1953, chez Gallimard, le Communisme. « Un gros livre de lecture », comme le dit aujourd’hui l’éditeur qui a
confectionné un livre plus bref, la Révolution par l’amitié, où il
a rassemblé différents textes de l’essayiste qui avaient paru dans la
revue le 14 Juillet, une publication d’opposition au pouvoir
gaulliste, que Dionys Mascolo avait fondée avec Jean Schuster à la fin des
années 1950 ; mais aussi des textes plus élaborés sur
Saint-Just, Nietzsche, Mai 68, qui est
cette révolution (ou pas) qui a rendu évident un phénomène capital, dit-il – celui selon lequel « les idées dominantes n’étaient plus les idées de la classe dominante » –, où le pouvoir bourgeois a sûrement survécu à l’épreuve mais dont
il est « sorti nu ».
Dionys Mascolo reconnaissait que la révolution restait
à faire, mais à partir de l’acquis, « la révolution que fut Mai », disait-il. Il est toujours d’une grande lucidité, au
point de s’interroger sur la bêtise. Comme Bataille, il pensait qu’à la base de
chaque être il existe un « principe d’insuffisance », et que chaque être est incapable à lui seul d’aller
au bout de l’être. Mais jamais il n’aurait dit : « Que le monde aille à sa perte, c’est la seule politique », comme le fera Marguerite Duras dans son film le
Camion.
Marguerite Duras était de gauche. Mascolo a questionné
le sens du mot « gauche », dans un petit texte qui avait été réédité en 2011 aux Nouvelles Éditions Lignes, où
il dit que « la gauche n’a pas de concept » – mais le communisme, si ; le
communisme de pensée qu’il avait peut-être finalement trouvé chez
Saint-Just, qui est « un penseur d’actes ».
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