La réussite d’un procès ne se mesure pas qu’à la
justesse du jugement. À l’heure où nous mettons sous presse, l’ensemble du
verdict de la cour d’assises spéciale nous est d’ailleurs encore inconnu. Mais,
quel qu’il soit, nous ne pouvons que saluer ces neuf mois d’audience consacrés
aux attentats du 13-Novembre. Rien n’était garanti. Le gigantisme du dossier
d’instruction, les centaines d’avocats, le mutisme des accusés, les milliers de
parties civiles endeuillées, la charge émotionnelle d’une tuerie qui a
bouleversé plus qu’un pays… Dérapages et frustrations auraient pu tout dominer.
Il n’en fut rien. Ce procès trouva et prouva chaque jour son utilité, rappelant
les vertus d’une justice qui, face à la barbarie et à la haine, replace au
centre l’écoute, le respect, l’humanité.
Dehors grondaient la guerre en Ukraine, les campagnes
électorales, les alertes au Covid. Dedans, au cœur de l’île de la Cité, la
justice prenait ce temps, si rare et pourtant indispensable. Celui, d’abord, de
l’écoute des parties civiles venues à la barre. Des récits glaçants sur les
attaques, mais toujours d’une dignité remarquable, où chacun put saisir, sans
doute plus qu’il ne l’imaginait, l’étendue des douleurs intimes. Le temps
également d’explorer les faits, minute par minute, mètre par mètre, dans
l’horreur de la salle du Bataclan et des terrasses parisiennes. Mais aussi
d’entendre la version des accusés, dont le silence enfin brisé de Salah
Abdeslam, et les brillantes plaidoiries de la défense, rappelant le sens de la
peine et l’exigence d’une justice réparatrice.
Ce procès ne débouche pas sur de grandes révélations.
Mais l’essentiel n’est pas là. La dignité des victimes, leur confiance dans la
décision de la cour et l’absence de propos vengeurs sont une leçon à méditer
pour la droite et l’extrême droite, promptes à surfer sur l’émotion des drames
et à brandir la loi du talion. Ce procès conforte également une institution
judiciaire si souvent mise à mal par le manque de moyens. À tous points de vue,
l’exemplarité de ces neuf mois d’audience reste une victoire pour la
démocratie.
LA DIGNITÉ DES VICTIMES ET L’ABSENCE DE PROPOS VENGEURS SONT UNE LEÇON À
MÉDITER POUR LA DROITE ET L’EXTRÊME DROITE.
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