C’est la ruée vers les mesures. À trois jours du
premier tour des législatives, le gouvernement enchaîne les annonces en faveur
du pouvoir d’achat. Chèque inflation, prolongation de la remise sur le
carburant jusqu’à fin août et du bouclier tarifaire jusqu’à la fin de l’année,
indexation des pensions de retraite sur les prix dès juillet… Face à
l’imminence du scrutin et la sérieuse menace de la Nupes dans les sondages,
l’exécutif, plus fébrile que jamais, se démultiplie pour séduire les Français
sur ce thème prioritaire. Ces gages de volontarisme, on pourrait les saluer
bien bas s’ils n’étaient téléguidés par des arrière-pensées électoralistes et
une gestion court-termiste qui ne réglera rien sur le fond.
Il ne faut pas être naïf. La philosophie macronienne
sur les questions de pouvoir d’achat ne poursuit qu’un seul but : répondre à la situation conjoncturelle de l’inflation. Cette politique faite de chèques et de bouclier a son utilité dans l’instant. Mais elle ne s’attaque pas à la
faiblesse structurelle des revenus en France. Le rythme de croissance du
pouvoir d’achat a été divisé par trois depuis le début des années 1980. Les
progressions salariales, quand elles ont eu lieu, se sont faites de manière de
plus en plus inégalitaire, au profit des hauts revenus. Aujourd’hui, les
quelque 11 % de salariés au Smic survivent avec 1 300 euros par mois, tandis que 9,3 millions de personnes émargent sous le seuil de pauvreté (1 063 euros), soit 14,8 % de la population, taux le plus élevé depuis vingt ans.
C’est à cette situation générale qu’Emmanuel Macron
refuse de s’attaquer. Ces mesures sont de simples pansements dont le coût, de
surcroît, sera porté par l’État – nous tous – sans que les grandes entreprises,
gavées comme jamais de dividendes, ne soient mises à contribution. Le programme
de la Nupes, à l’inverse, prend le problème du pouvoir d’achat par tous les
bouts. Conférence salariale, hausse du Smic, progressivité de l’impôt, baisse
de la TVA, contrôle des loyers et des prix du gaz, de l’électricité et des
autoroutes par la nationalisation… Dimanche, les Français auront clairement à
choisir entre un projet qui voit loin et une vision sans lendemain.
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