L’agression de l’Ukraine par la Russie a ravivé la
logique de blocs en Europe. Certes, les pressions états-uniennes en ce sens
existaient déjà. Ainsi, Donald Trump invitait les pays européens à accroître
leurs dépenses d’armements et Joe Biden menait une croisade contre le gazoduc
russo-allemand Nord Stream 2. Certains États, tels la Pologne ou les pays
Baltes, freinaient toute velléité d’une Europe de la défense jugée trop
indépendante de Washington. De l’autre côté, dopée au nationalisme impérial, la
Russie a répondu, à partir de la guerre en Géorgie en 2008, par une logique
d’affrontement et l’exportation de la rivalité Est-Ouest sur le continent
africain.
Pour autant, dans la lignée de l’ostpolitik lancée par
le chancelier allemand Willy Brandt en 1969, certaines voix œuvraient à un
rapprochement favorable à la paix. Sous Angela Merkel, la diplomatie du gaz a
joué à plein. Emmanuel Macron avait accueilli, en mai 2017, son homologue russe
Vladimir Poutine au château de Versailles. La ligne de l’Élysée était alors de
soustraire le Kremlin à l’influence de la Chine.
La guerre met ces efforts à mal. Elle ravive la
logique de blocs. Jeudi, le président finlandais Sauli Niinistö et la première
ministre Sanna Marin se sont dits favorables à ce que leur pays rejoigne
l’Otan. Par peur de la Russie, l’opinion publique a basculé. Si 20 %
seulement des Finlandais souhaitaient rejoindre l’Alliance il y a un an, ils
sont 78 % aujourd’hui. L’adhésion pourrait se concrétiser dans l’année.
L’Otan aura alors plus de 1 300 kilomètres
d’une frontière de tous les dangers avec la Russie.
Le combat diplomatique pour arracher un cessez-le-feu
immédiat et l’ouverture d’une véritable négociation entre l’Ukraine et la
Russie restent les priorités. Mais la réflexion sur une architecture de paix en
Europe, et la future relation avec un voisin qui demeurera comme tel, doit
s’amorcer en Europe comme en Russie dès aujourd’hui. Sans cela, le continent
risque d’être divisé pour plusieurs décennies. La logique de blocs est néfaste
à la paix et cause d’autoritarisme.
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