Et surtout la santé, dit-on. Eh bien non. On a beau se
remémorer l’intervention télévisée de madame Borne en tant que première
ministre, relire ses deux pages d’entretien de la semaine passée dans le
Journal du dimanche, c’est en vain. L’hôpital craque, dit la CGT, cet été
on peut avoir des morts, disait samedi sur une radio Philippe Juvin qui, s’il
est un élu LR, est aussi le chef des urgences de Pompidou et ne passe pas a
priori pour un extrémiste : « Je connais des endroits où il risque de ne pas y avoir de sages-femmes pour les
accouchements. » L’hôpital craque et le gouvernement regarde
ailleurs, deux ans à peine après les prétendues prises de conscience liées à la
crise sanitaire, et un Ségur de la santé aux bien maigres résultats au regard
de la situation d’aujourd’hui.
Il semble au gouvernement et au président de la
République bien plus important d’obliger les Françaises et les Français à
travailler plus longtemps que de faire en sorte qu’ils vivent en bonne santé et
plus longtemps. C’est tout le système qui est en crise. Nombre d’entre nous ont
fait l’expérience d’attentes interminables aux urgences avec les souffrances,
voire les situations de détresse que cela représente. Les plans blancs décidés
dans un nombre croissant d’établissements amènent à des reports d’opérations
même pour les pathologies les plus graves, cancers, maladies du cœur. La
situation de la psychiatrie est catastrophique, les soins à domicile sont à la
ramasse.
On l’a déjà dit. Les soignants salués aux premiers
temps de la crise sont, pour nombre d’entre eux, fatigués, découragés. Il est
bien sûr question des horaires, des salaires, des conditions même de travail
quand le matériel manque. Il s’agit aussi d’un sentiment moral de défaite,
quand on a l’impression que, quoi que l’on fasse, cela sert à si peu de chose.
Des médecins les plus éminents aux aides-soignantes, le monde hospitalier a des
propositions. Elles s’exprimeront particulièrement le 7 juin. Madame la première
ministre, il faut arrêter de regarder ailleurs.
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