L’accord conclu entre formations de gauche pour les législatives ne tombe pas du ciel. Ni même des états-majors des partis politiques qui ont négocié chaque formule du programme et la répartition minutieuse des circonscriptions au long de nuits sans sommeil. Il est d’abord le fruit de l’exigence du peuple de gauche, qui s’est puissamment exprimé en faveur de l’union, à l’occasion du 1er Mai notamment. Sans cette amicale pression, sans cette aspiration massive, l’alliance n’aurait probablement pas vu le jour. Les obstacles à un tel rassemblement étaient nombreux, et les revendications des uns opposables aux autres sur telle mesure ou telle carence du programme, tel ancrage local, ou encore sur le risque de sous-représentation, jamais nul quand on accepte de partager les candidatures.
Le compromis auquel les formations de gauche ont
abouti n’est pas parfait. Il ne pouvait pas l’être par définition, puisqu’il
inclut le renoncement mutuel à des ambitions légitimes, passage obligé pour
présenter des candidats d’union partout en France. C’est le prix à payer pour
concourir à la direction du pays.
Qui eût cru que la gauche remonterait si vite sur le
ring après son élimination brutale de la course à l’Élysée ? Au point d’inquiéter le président réélu. Il a pour cela fallu mettre de côté les rancunes qui duraient depuis
près de quinze ans entre anciens frères ennemis socialistes, surmonter les
divergences qui séparent Verts, insoumis et communistes, dépasser l’héritage en
demi-teinte du Front de gauche, aplanir les oppositions supposées « irréconciliables » il y a encore deux semaines par les commentateurs. Et cela sans
perdre de vue la demande de changement profond exprimé par les 32 %
d’électeurs de gauche à la présidentielle. Ce pas de géant a été accompli en
quelques jours grâce à l’élan populaire. Si cette force grandit encore, la
gauche peut en franchir un autre en juin en réalisant l’impensable : gagner les
législatives. Comme ses prédécesseurs du Front populaire y sont parvenus, dans un
tout autre contexte, il y a exactement quatre-vingt-six ans, le 3 mai 1936.
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