Communistes, insoumis et écologistes ont
signé un accord historique en vue des législatives. Le secrétaire
national du PCF, Fabien Roussel, expose les objectifs de cette alliance, qui
vise la conquête du pouvoir.
Prendre des
mesures pour améliorer tout de suite la vie des gens, battre Emmanuel Macron,
battre le RN, et faire reculer l’abstention. C’est l’ambition que se sont fixée
le PCF, la FI et EELV à travers la Nouvelle Union populaire écologique et
sociale. Pour y parvenir, le dirigeant communiste entend mener une campagne
commune tambour battant.
Quel est le sens de cet accord à gauche ? Est-il possible d’aller conquérir une majorité à l’Assemblée nationale ?
Nous devons
répondre à cet immense espoir que l’ensemble des forces de gauche a pu soulever
à l’occasion de l’élection présidentielle : même si le second tour a été terrible, car il n’y avait pas d’autre choix que de voter Emmanuel Macron
face à Marine Le Pen, le premier tour a montré que la gauche s’est renforcée au
plan national. Pour les législatives, nous avons donc l’obligation d’y aller
tous ensemble, rassemblés, pour concrétiser cette incroyable espérance : il est possible de battre Macron et de
lui imposer une cohabitation. Le 1er juillet 2022, il est possible d’avoir
un gouvernement de gauche qui dans l’urgence augmente le Smic à 1 400 euros net pour tous les salariés. Il est possible de repousser définitivement le projet de retraite à
65 ans de Macron pour remettre la retraite à 60 ans. C’est une
occasion historique pour les Français, mais il faut que les citoyens s’en
saisissent parfaitement. On sait que le risque d’abstention est fort aux
législatives. Il faudra donc mener une campagne très efficace pour mobiliser
sur le terrain. J’appelle aussi les électeurs de Le Pen, ceux qui par colère
ont choisi ce bulletin de vote pour battre Macron, à regarder ce que nous
proposons à gauche et ce que nous allons porter aux législatives, car c’est
bien ce programme-là qui va changer leur vie.
Quel programme partagé vont porter
ensemble EELV, la FI et le PCF ? Qu’est-ce que les communistes ont apporté ?
Il y a un
contrat de législature sur lequel nous nous sommes mis d’accord, une série de
mesures qui vont tout de suite améliorer la vie des gens : hausse des salaires, retraite à 60 ans, blocage des prix des produits de première nécessité, embauches dans nos services publics, nos
écoles et nos hôpitaux. Les communistes ont notamment mis
l’accent sur les moyens à mettre en œuvre pour mobiliser le capital au
service de grandes conquêtes sociales. Nous portons aussi l’abrogation de la
loi El Khomri et des ordonnances Macron, nous voulons mettre fin aux
délocalisations, et nous entendons nous donner les moyens de notre politique en
créant un grand pôle public bancaire. Nous avons encore quelques divergences
sur les questions économiques : je pense au financement de la Sécurité sociale et au fait que nous voulons
supprimer la CSG. Nous avons aussi des différences sur la question énergétique,
principalement sur le nucléaire. Mais ces sensibilités, nous allons continuer
de les défendre, notamment via notre groupe communiste à l’Assemblée nationale.
C’est tout l’intérêt de l’accord passé : il permet de construire une coalition des forces de gauche et écologiques
dans laquelle chaque composante conserve son autonomie et sa liberté de parole.
C’est important.
Pourquoi un tel accord à gauche,
impossible avant la campagne présidentielle, est-il devenu possible pour les
législatives ?
Tout simplement
parce que cette campagne présidentielle a été l’occasion de présenter pour
chaque force de gauche son projet pour la France, en montrant les différences
et les points de convergence. Elle a surtout prouvé que la diversité de la
gauche est une richesse, en mobilisant 11 millions d’électeurs. Environ
7,5 millions pour Jean-Luc Mélenchon, et 3,5 millions pour les
autres. Ces projets différents ont pleinement le droit d’exister, pour faire
vivre le débat d’idées. Ce qui est important, c’est de savoir ensuite se réunir
aux législatives, qui dans les 577 circonscriptions de France vont
permettre de faire vivre ces différences et d’en faire un atout. La campagne
présidentielle a aussi permis aux communistes de défendre la France des Jours
heureux. Cette mobilisation, nous allons la mettre au service des législatives.
Je pense notamment à tous ces départements qui n’auront pas de candidats
communistes mais qui pourront faire vivre notre programme quand même.
Le PCF a signé un accord autour
de 54 circonscriptions, dont les onze où il y a des députés
communistes sortants. Est-ce un bon accord ?
C’est un accord
avec de nombreuses circonscriptions gagnables qui offre la possibilité d’avoir
un groupe à l’Assemblée. Nous n’aurions pas pu nous satisfaire d’un simple
soutien aux onze députés PCF sortants, car le seuil pour constituer un groupe
est de quinze élus. Trouver un accord qui nous permette de gagner au minimum
une quinzaine d’élus était pour nous la condition sine qua non d’une signature.
Mais nous espérons en gagner plus ! Et les communistes feront campagne dans tout le pays, pour aller
convaincre un maximum de Français qu’il est possible d’obtenir une majorité de gauche. Nous avons un rôle important à jouer pour aller chercher la victoire.
Il manque aujourd’hui le PS.
Souhaitez-vous qu’il rejoigne la coalition de gauche ?
Cet accord n’est en réalité valable et
n’aura de sens que si toutes les forces de gauche y participent. Je me
féliciterai donc que le PS soit là pour l’emporter avec nous. Il ne doit y
avoir aucune division à gauche. Nous devons être à 100 % unis plutôt que
de nous faire perdre mutuellement dans de nombreuses circonscriptions. Le
rassemblement est indispensable.
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