mercredi 25 mai 2022

« Détermination », l’éditorial de Sébastien Crépel dans l’Humanité.

 


C’était le 29 avril 1997, juste avant les législatives qui allaient voir la victoire surprise de la gauche. Qui se souvient des termes de la déclaration commune signée ce jour-là entre le PS et le PCF? «Nous disons non à lEurope libérale », disait le texte qui ne proposait rien de moins que de «dépass(er) le traité de Maastricht (). Cest à partir de laffirmation en France dune politique économique et sociale de gauche () que nous pouvons nous engager sur une autre voie».

Même si l’on ne parlait pas alors de «désobéissance» aux traités, Lionel Jospin avait pris lengagement public de renoncer au critère des 3% de déficit public imposé par Maastricht, si le prix en était une cure daustérité. On sait depuis que les «conditions» posées par le PS au passage à l’euro n’ont guère été respectées. Mais ce n’est pas la politique proposée alors qui a échoué, c’est celle qui lui a tourné le dos par la suite.

Cela n’a donc aucun sens de prétendre aujourd’hui que la Nupes romprait avec toute ambition gouvernementale parce qu’elle aurait l’intention de désobéir aux règles de l’Europe libérale qui entraveraient sa politique. Comme s’ «il ne (pouvait) y avoir de choix démocratique con tre les traités européens», ainsi que l’avait affirmé un jour le président de la Commission de Bruxelles, Jean-Claude JunckerC’était en 2015, à propos du vote de la Grèce en faveur de la coalition de gauche Syriza. Les Cassandre ne manquent pas pour promettre dès à présent à la Nupes le destin du premier ministre grec Alexis Tsipras, c’est-à-dire la capitulation. On peut leur répondre que la France n’est pas le Petit Poucet grec et que la Commission elle-même admet désormais que les règles du pacte de stabilité ne sont pas intangibles. Mais ces deux épisodes – France, 1997, et Grèce, 2015 – nous enseignent qu’il faudra une détermination autrement plus ferme que celle de Lionel Jospin pour engager le bras de fer européen. La Nupes n’y arrivera pas seule. La solution n’est pas dans le renoncement à cette ambition, comme on voudrait nous le faire croire. Elle est dans la confiance que la gauche accordera aux luttes populaires pour l’aiguillonner et l’encourager dans le respect de la parole donnée.

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire