C’était le 29 avril 1997, juste avant les
législatives qui allaient voir la victoire surprise de la gauche. Qui se
souvient des termes de la déclaration commune signée ce jour-là entre le PS et
le PCF ? « Nous disons non à l’Europe libérale », disait
le texte qui ne proposait rien de moins que de « dépass(er) le traité de Maastricht (…). C’est à partir de l’affirmation en France d’une politique économique et sociale de gauche (…) que nous pouvons nous engager sur une autre voie ».
Même si l’on ne parlait pas alors de « désobéissance » aux traités, Lionel Jospin avait pris l’engagement public de renoncer au critère des 3 % de déficit public
imposé par Maastricht, si le prix en était une cure d’austérité. On sait
depuis que les « conditions » posées par le PS au passage à l’euro n’ont
guère été respectées. Mais ce n’est pas la politique proposée alors qui a
échoué, c’est celle qui lui a tourné le dos par la suite.
Cela n’a donc aucun sens de prétendre aujourd’hui que
la Nupes romprait avec toute ambition gouvernementale parce qu’elle aurait
l’intention de désobéir aux règles de l’Europe libérale qui entraveraient sa
politique. Comme s’ « il ne (pouvait) y avoir de choix démocratique con tre les traités européens », ainsi que l’avait affirmé un jour le président de la
Commission de Bruxelles, Jean-Claude Juncker. C’était en 2015,
à propos du vote de la Grèce en faveur de la coalition de gauche Syriza. Les
Cassandre ne manquent pas pour promettre dès à présent à la Nupes le destin du
premier ministre grec Alexis Tsipras, c’est-à-dire la capitulation. On peut
leur répondre que la France n’est pas le Petit Poucet grec et que la Commission
elle-même admet désormais que les règles du pacte de stabilité ne sont pas
intangibles. Mais ces deux épisodes – France, 1997, et Grèce, 2015 –
nous enseignent qu’il faudra une détermination autrement plus ferme que celle
de Lionel Jospin pour engager le bras de fer européen. La Nupes n’y arrivera
pas seule. La solution n’est pas dans le renoncement à cette ambition, comme on
voudrait nous le faire croire. Elle est dans la confiance que la gauche
accordera aux luttes populaires pour l’aiguillonner et l’encourager dans le
respect de la parole donnée.
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