On ne saurait abuser de la formule historique, quand
bien même la musique de Lully donnait à la cérémonie d’investiture d’Emmanuel
Macron pour son deuxième mandat un petit air de sacre. « Qui t’a fait roi ? » avait rétorqué en son temps un certain Aldebert
de Périgord à Hugues Capet, lui rappelant ainsi comment il avait accédé au
trône. Mais on avait le sentiment, tout de même, malgré ou à cause de la
présence de 450 invités, parmi lesquels les deux précédents présidents de
la République, qu’il manquait du monde et qu’était occultée un peu trop vite la
réalité politique de cette réélection et de son second tour. En clair, le vote
de toutes celles et ceux, quelques millions, qui n’ont mis qu’à contrecœur,
voire avec au creux du ventre une sorte de rage d’y être contraint, un bulletin
Macron dans l’urne.
« Le peuple français a fait le choix d’un projet
clair et explicite d’avenir », a cru
pouvoir affirmer le président dès ses premiers mots. Avec la retraite à 65 ans ? Et, pour
lui, « un peuple nouveau a confié à un président nouveau un mandat nouveau ». Plus blanc que blanc et passé à la machine, mais
déterminé. « Nous allons continuer à nous attaquer aux inégalités à la racine », a-t-il assuré. Continuer ? C’est pour le
moins osé, quand les actes fondateurs du quinquennat avaient été la suppression
de l’impôt sur la fortune et la baisse des APL.
La légitimité du président n’est pas en cause. Mais
les chiffres sont là. Les 30 % gagnés au second tour ne viennent pas du
ciel ou d’un tour de passe-passe, mais de la gauche, celle des grandes villes
et celle, il faut le dire fort et haut, des cités populaires, des banlieues.
Aubervilliers, par exemple, en Seine-Saint-Denis. À quelques voix près,
60 % au premier tour pour Jean-Luc Mélenchon et 16 % pour Emmanuel
Macron qui recueille 76 % au second tour. 16 plus 60, 76 !
Aubervilliers, avec, samedi, le premier meeting de la
Nouvelle Union populaire, écologique et sociale, pour la première fois depuis
des décennies les formations de gauche et écologistes ensemble. Pour gagner.
C’est ça qui est nouveau.
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