Une fois de plus, les Français, et particulièrement
nos lectrices et lecteurs, ont fait preuve d’un élan de solidarité formidable.
L’opération que notre journal a menée conjointement avec le Secours populaire
pour venir en aide aux réfugiés ukrainiens est un immense succès. En quelques
semaines, ce sont des dizaines de milliers d’euros qui ont été récoltés. C’est
cet argent que Fabien Gay, directeur de l’Humanité, remettra ce
mardi à l’association, à l’occasion d’une grande soirée à Paris.
Ce souffle de solidarité n’est pas surprenant. Les
enquêtes d’opinion, notamment celles menées par Ipsos et Sciences Po, montrent
que les valeurs de solidarité et d’égalité sont très largement perçues comme
positives. À gauche, bien sûr, mais également chez l’ensemble des Français. Le
paradoxe qui crève les yeux dans cette situation est bien évidemment le
décalage entre ce positionnement solidaire des Français et les sondages
électoraux. Les intentions de vote cumulées des candidats d’extrême droite
flirtent avec les 35 %. 45 % si on y ajoute celles de la candidate de
droite, qui n’a pas grand-chose à envier à ses concurrents sur le terrain de la
détestation de l’autre. Ce que révèle cet écart est une surmobilisation d’un
électorat qui se retrouve, pour diverses raisons, dans des thématiques
réactionnaires, haineuses et populistes.
Pour celles et ceux qui portent une vision solidaire
de la société et qui s’engagent pour qu’elle soit portée le plus haut possible
dans les urnes, l’enjeu, à quelques jours du premier tour, devrait être de
convaincre ceux qui n’ont pas encore décidé de se déplacer. Ce sont ces jeunes,
ces électeurs des quartiers populaires dont on annonce aujourd’hui l’abstention
qui peuvent faire la différence et ouvrir une perspective crédible. Ce sont eux
qu’il faut convaincre, plutôt que de dépenser de l’énergie au jeu du siphon. La
seule dynamique gagnante sera celle qui verra progresser l’ensemble des forces
qui portent, malgré leurs divergences, une vision solidaire de la société et un
espoir. Et pour cela, il faut assumer de dire que l’extrême-droite est
l’ennemie que l’on contribuera à faire battre… quoi qu’il arrive.
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