OK boomer ! Le mot fait sourire depuis son emploi par une jeune
élue australienne. Mais à trois jours désormais du
premier tour de l’élection présidentielle, il peut nous interroger. Cette élection
sera-t-elle d’abord celle des mieux installés, des mieux intégrés, de celles et
ceux pour qui la France comme elle va, la France d’Emmanuel Macron ne pose pas
de problème ? Ce n’est pas qu’une question d’âge. Les
jeunes sont les moins enclins à se rendre aux urnes, mais aussi les ouvrières
et ouvriers, les couches les plus populaires ; au total, toutes celles et ceux qui ont le sentiment
que l’élection ne changera rien pour eux, que les jeux sont
faits.
Est-ce surprenant quand, depuis des mois, et en
réalité depuis les premiers jours du quinquennat, le scénario du match retour a
été annoncé, ne laissant d’autre choix que celui de la soumission volontaire ou
non à la politique du locataire de l’Élysée, ou celui de la colère mêlée à la
xénophobie, celui du repli, d’une identité fantasmée ? Ce qui s’est dit, écrit, n’est pas autre chose qu’une forme de déni de la démocratie. La Constitution de la Ve République, en
plaçant la présidentielle au centre de la vie politique, en a créé les conditions, mais c’est une raison supplémentaire
de ne pas s’en accommoder. Le bulletin de vote est à portée de chacun et, il
faut le dire clairement, dans le champ républicain, aucune candidature n’est
illégitime.
Emmanuel Macron a fait consciemment une non-campagne,
comptant sur un rassemblement de second tour autour de lui. L’extrême droite a
eu ainsi tout le loisir d’occuper le champ des idées les plus délétères. La
gauche n’est pas parvenue à y faire face en portant avec toute la force nécessaire
les questions des salaires, des inégalités, des services publics, de
l’éducation, des profits éhontés, de l’évasion fiscale massive, dénoncée à
juste titre par Fabien Roussel comme une question majeure. Dans ces conditions,
la thématique du vote utile, là où elle est utilisée, ne fait qu’occulter les
enjeux réels. L’élection présidentielle, ce n’est pas on vote et on rentre chez
soi. Quoi qu’il en soit, la gauche va devoir reconstruire des perspectives. Ça
ne se fera pas avec des marchandages, mais avec des convictions et des idées.
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