Face aux crises sociales, démocratiques et
environnementales que traverse notre pays, la gauche a paru ces dernières
années en panne de réponse : exercice du pouvoir bien éloigné des besoins
populaires pour les uns et difficulté à proposer un projet mobilisateur pour les autres. Ces
carences ont contribué à permettre à l’extrême droite de faire son lit. À tel
point que l’actuelle élection présidentielle ressemble un peu à la double peine : un nouveau
candidat d’extrême droite
plus virulent que jamais et une candidate « historique » qui profite de ces outrances pour être plus menaçante que jamais. Il faudra donc, si elle est aux portes du pouvoir, tout
faire pour l’empêcher d’y accéder.
Mais depuis vingt ans et le coup de semonce du
21 avril 2002, nous avons appris que toutes les stratégies électorales ne
résolvent pas la question centrale : comment mieux répondre aux aspirations populaires, ramener aux urnes et dans le camp de l’émancipation ceux qui cherchent ailleurs le moyen de
changer un système qui leur
est devenu insupportable ?
C’est le sillon que tente de creuser depuis des mois
Fabien Roussel avec ses « Jours heureux ». Il fait en ce sens une proposition claire et
novatrice : répondre aux crises par le progrès partagé. La dynamique de l’espoir
contre le désenchantement. Les questions sociales sont portées haut et les
urgences écologiques peuvent par ce biais trouver une nouvelle audience chez
ceux qui n’y voyaient jusqu’alors que des sacrifices dans une vie qui s’y
résume déjà trop.
Chaque sensibilité de gauche propose d’ailleurs, avec
plus au moins de succès, des voies pour s’en sortir. Faut-il faire taire toutes
ces propositions versées au débat, nécessairement pluriel à gauche, et s’en
remettre à une seule candidature dont l’unique voix porterait ?
L’efficacité immédiate d’une telle tactique est incertaine mais l’effacement du
débat à gauche est, lui, certainement une voie sans issue. Le jour est
peut-être venu pour que les stratégies électorales ne soient plus le
cache-misère d’une gauche dont le défi reste de répondre au problème de fond : comment
(re)devenir aux yeux du peuple l’outil de son émancipation.
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