Avec le retour de l’Histoire, par sa face la plus
tragique qui menace tous les équilibres du monde, l’Europe possède donc une
place pour le moins singulière, qu’elle entend affirmer. Sera-t-elle à la
hauteur de l’enjeu ? En adoptant une aide de 450 millions d’euros pour financer l’envoi d’armes – pouvant
inclure des avions de chasse – aux forces
ukrainiennes afin de résister à l’agression
russe, les Vingt-Sept ont brisé un tabou.
Jamais auparavant l’UE ne s’était drapée d’une telle fonction. Ces
revirements spectaculaires, européen et même allemand, auront des répercussions
à long terme. Mais jusqu’où aller, sachant que ce terrifiant conflit ne se
résoudra que par la diplomatie et la négociation, sauf à jeter l’humanité tout
entière dans le gouffre absolu ?
L’appel du président ukrainien, ce mardi, devant le
Parlement de Bruxelles, a relancé l’idée d’une adhésion de l’Ukraine à l’UE. Le
sentiment européen de Volodymyr Zelensky et d’une grande partie du peuple
ukrainien est compréhensible, sinon légitime. Mais, si l’UE devait intégrer
l’Ukraine en son sein, en pleine guerre et dans le cadre d’une procédure
expresse inédite, cela constituerait un pas en avant dans l’escalade, une
décision contre-productive qui ne manquerait pas de rajouter de la confusion et
de la provocation, en un temps où toutes les menaces pèsent. Les conséquences
seraient dès lors bien différentes, sans parler du message politique.
Comprenons bien : cette adhésion créerait une obligation juridique « d’aide et d’assistance » des pays membres envers l’Ukraine, comme le
prévoit l’article 42, paragraphe 7, du traité de l’UE, donc l’entrée
en scène de l’Otan…
Chacun l’a compris : les chemins de la diplomatie et d’un cessez-le-feu rapide paraissent bordés d’ombres à
chaque crépuscule des jours qui passent. Si les sanctions économiques massives
auront tôt ou tard des effets sur le pays de Poutine, portant leurs fruits
pourris jusque dans les foyers de Russes, pendant ce temps-là, le drame se
poursuit. Les pilonnages se multiplient, des bombes à fragmentation s’abattent
sur certaines villes, et le chaos du fer et du feu progresse. L’Europe ne
devrait-elle pas, de toute urgence, proposer la tenue d’une conférence réunissant
l’ensemble du continent européen, soit une quarantaine de pays ? Comme pour
accentuer la pression.
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