De l’aveu même d’Emmanuel Macron, l’Otan était en état
de « mort cérébrale » en 2019. Le président français pointait
alors les profondes divisions qui fracturaient l’Alliance atlantique au point
de la déstabiliser en profondeur. La guerre – injustifiable –
déclenchée par Vladimir Poutine contre l’Ukraine a permis à cette organisation
de se refaire une santé, pour ne pas dire une virginité, alors que partout où
elle est intervenue jusqu’à présent, au mépris du droit international, elle a
semé derrière elle la mort, la destruction, la déstabilisation. Le maître du
Kremlin peut s’en défendre, mais en ouvrant le feu, il a remis en selle ce
vestige de la guerre froide, revigoré une logique d’affrontement entre blocs.
Jamais depuis la Seconde Guerre mondiale la Finlande
et la Suède n’avaient remis en cause leur statut de neutralité. Elles affirment
aujourd’hui qu’elles pourraient adhérer à l’Otan. En 2019, le locataire de la
Maison-Blanche, Donald Trump, vociférait contre les alliés qui rechignaient à
augmenter leur budget militaire. Un peu partout en Europe, les États renouent
avec une dangereuse course aux armements. À commencer par l’Allemagne, dont le
chancelier, Olaf Scholz, envisageait pourtant, il y a peu, de réduire le nombre
de soldats états-uniens stationnés sur son territoire. Vladimir Poutine, qui
craignait, à juste titre, le déploiement de l’Otan à ses frontières, en est
pour ses frais, avec son expansion historique dans la région.
Officiellement, l’Otan n’est pas en guerre ; ses
dirigeants jurent qu’ils n’enverront ni hommes ni avions en Ukraine. D’autres se chargent d’attiser le conflit. Le président des États-Unis, Joe Biden, a annoncé mercredi une rallonge de 800 millions de
dollars, portant à 1 milliard l’aide militaire à Kiev, ainsi que l’envoi
d’armes et de drones. Les gesticulations bellicistes de Varsovie, demandant
l’instauration d’une « mission de paix » militarisée, ont, elles
aussi, de quoi inquiéter. Dans ce face-à-face indirect entre Washington et
Moscou en terre européenne, il est temps que les Nations unies retrouvent un
rôle, une voix pour faire taire les armes.
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