vendredi 18 mars 2022

« Quand Moscou conforte l’Otan », l’éditorial de Cathy Dos Santos dans l’Humanité.



De l’aveu même d’Emmanuel Macron, l’Otan était en état de «mort cérébrale» en 2019Le président français pointait alors les profondes divisions qui fracturaient l’Alliance atlantique au point de la déstabiliser en profondeur. La guerre – injustifiable – déclenchée par Vladimir Poutine contre l’Ukraine a permis à cette organisation de se refaire une santé, pour ne pas dire une virginité, alors que partout où elle est intervenue jusqu’à présent, au mépris du droit international, elle a semé derrière elle la mort, la destruction, la déstabilisation. Le maître du Kremlin peut s’en défendre, mais en ouvrant le feu, il a remis en selle ce vestige de la guerre froide, revigoré une logique d’affrontement entre blocs.

Jamais depuis la Seconde Guerre mondiale la Finlande et la Suède n’avaient remis en cause leur statut de neutralité. Elles affirment aujourd’hui qu’elles pourraient adhérer à l’Otan. En 2019, le locataire de la Maison-Blanche, Donald Trump, vociférait contre les alliés qui rechignaient à augmenter leur budget militaire. Un peu partout en Europe, les États renouent avec une dangereuse course aux armements. À commencer par l’Allemagne, dont le chancelier, Olaf Scholz, envisageait pourtant, il y a peu, de réduire le nombre de soldats états-uniens stationnés sur son territoire. Vladimir Poutine, qui craignait, à juste titre, le déploiement de l’Otan à ses frontières, en est pour ses frais, avec son expansion historique dans la région.

Officiellement, l’Otan n’est pas en guerre; ses dirigeants jurent quils nenverront ni hommes ni avions en Ukraine. Dautres se chargent dattiser le conflit. Le président des États-Unis, Joe Biden, a annoncé mercredi une rallonge de 800 millions de dollars, portant à 1 milliard l’aide militaire à Kiev, ainsi que l’envoi d’armes et de drones. Les gesticulations bellicistes de Varsovie, demandant l’instauration d’une «mission de paix» militarisée, ont, elles aussi, de quoi inquiéter. Dans ce face-à-face indirect entre Washington et Moscou en terre ­européenne, il est temps que les Nations unies retrouvent un rôle, une voix pour faire taire les armes.

 

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