Elles sont désormais des centaines à devoir se
résoudre à accoucher sous la terre, dans des bunkers humides et sans fenêtres
en guise de maternités. Voici l’une des épreuves, en plus de toutes celles que
la guerre impose au peuple ukrainien dans son ensemble, que les femmes doivent
subir depuis que pleuvent les bombes de l’aviation russe. Et encore, ne
s’agirait-il là que de dommages « secondaires », si l’on peut
dire, en comparaison de la gravité des accusations d’officiels
ukrainiens concernant des cas de viols de femmes par des soldats russes. De son
côté, la Cour pénale internationale a ouvert une enquête visant
d’éventuels « crimes de guerre » et « crimes contre l’humanité » – qualifications dont relèvent les viols commis
dans le cadre d’un conflit armé.
En attendant d’en savoir plus sur la réalité de tels
crimes, la tragédie qui se joue aux portes de l’Europe nous rappelle que les
femmes ne sont pas non plus les égales des hommes devant la guerre. Moins
présentes au cœur des combats – quoique la participation de nombreuses femmes
en armes en Ukraine soit rapportée dans les médias – et donc moins susceptibles
de tomber directement sous le feu ennemi, elles sont davantage exposées à
d’autres violences, ainsi qu’au dénuement et à l’exode. Cette situation n’est
nullement le fait de la nature ou de la fatalité. Les femmes ne sont pas
victimes des guerres parce qu’elles seraient plus faibles ou plus fragiles,
mais parce que les conflits ne font que pousser à l’extrême la domination
patriarcale qu’elles subissent en temps de paix.
C’est dire l’importance, en ce 8 mars, de
poursuivre le combat pour l’égalité aussi sur le terrain de la prévention, de
la gestion et de la résolution des conflits. Tous les rapports sur le sujet le
soulignent : les femmes sont des actrices déterminantes des situations de guerre et
d’après-guerre, non seulement sur le plan socio-économique, mais aussi par le
rôle qu’elles jouent et pourraient jouer davantage encore, au bénéfice de tous,
dans la reconstruction des communautés comme en matière de réconciliation
politique et sociale. « Malheureusement, les femmes continuent d’être largement exclues des processus de paix et de
médiation », relevait
une communication des Nations unies en 2017. Une étude réalisée en 2012 par ONU
Femmes montrait que, sur 31 processus de paix entre 1992 et 2011, seulement
4 % des signataires et 9 % des négociateurs étaient des femmes.
Avancer sur le chemin de la paix ne se fera pas sans elles.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire