On
savait qu’affirmer « je ne suis ni de droite ni de gauche » signifiait « je
suis de droite ». On sait maintenant, grâce à Cyril Hanouna, que
prétendre « parler des grands sujets politiques à des Français qui sont
en marge du cadre démocratique » veut dire faire la campagne d’Éric
Zemmour. L’étude de Claire Sécail, que nous interviewons dans nos colonnes, le
démontre d’une manière éclatante. Depuis le mois de septembre 2021, elle
analyse le traitement de la campagne présidentielle par celui qui se prétend
l’apôtre du pluralisme et de l’anti-langue de bois sur son plateau. Son constat
est sans appel : « Il y a un traitement de faveur accordé à Éric
Zemmour » qui s’apparente à de la « publicité ».
Cette
« propagande » pro-Zemmour croise deux critères chers à Cyril Hanouna : faire
plaisir au patron et réaliser de l’audience. On le sait, Bolloré a fait d’Éric
Zemmour son champion. Les chaînes télé du milliardaire lui sont largement
ouvertes. En plus, Zemmour est un adepte du mensonge façon punchline. Autant
dire le client parfait pour les émissions basées sur la culture du clash. Dans
ce système à trois corps – Bolloré, Zemmour, Hanouna –, la vérité et la rigueur
sont accessoires. Le milliardaire, le bonimenteur et le bateleur font la
démonstration de la fragilité du débat démocratique, quand il devient
spectacle.
Comment
lutter face à cette entreprise de glorification de la post-vérité, des fake
news, du complotisme et face à ceux qui les font circuler ? Il n’existe, hélas,
pas de raccourci. Il s’agit d’expliquer méthodiquement la manipulation
médiatique, comme le fait Claire Sécail. De démonter les mensonges, à l’image
de ce collectif d’historiens qui publie Zemmour contre l’Histoire. Sur
aucune question il ne faut laisser libre le terrain idéologique. Cela signifie
que le raccourci, le procès d’intention, la caricature ne peuvent avoir droit
de cité. C’est le pari de l’intelligence que doivent relever les candidats et
les médias qui refusent la logique erratique et dangereuse du système à trois
corps.
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