jeudi 17 février 2022

« Le cycle du capital », l’éditorial de Maurice Ulrich dans L’Humanité.



Bernard Arnault, troisième fortune mondiale, l’assure en commentant les résultats de son groupe: LVMH sert lintérêt général de la France. Avec un résultat net lan passé en progression de 68% par rapport à 2019 et une hausse de 67% des dividendes versés à ses heureux actionnaires, on a plus que le sentiment que ce sont eux qui ont été servis. Cest vrai pour la plupart des groupes du CAC 40. Avec des profits record ce nest plus du ruissellement, pour les plus riches, c’est un Niagara. La réussite de la France, dit encore Bernard Arnault, dépend de celle de ses entreprises. C’est bizarre, ça ne se voit pas. Au fait, où en est par exemple le vaccin annoncé par Sanofi, qui prévoit pour cette année la suppression de plus de 300 postes en recherche et développement?

La fable vertueuse du capitalisme, reprise dès le début de son quinquennat par Emmanuel Macron, est vieille comme les profits. Les dividendes rémunèrent les risques pris par les actionnaires, qui en retour investissent de nouveau, etc. Et même si c’était le cas, qu’en serait-il des finalités mêmes de la production? Répondre aux actionnaires ou aux besoins des gens, des peuples, du plus grand nombre? Ce nest pas un hasard si les stars du CAC 40 sont les grands groupes du luxe. Des plus riches aux plus riches, voilà le cycle du capital.

La question du pouvoir d’achat est présente dans la campagne électorale. Pas suffisamment quand bien même des responsables patronaux en viennent à parler par la force des choses d’un plus juste partage. C’est urgent, c’est nécessaire, mais les enjeux d’aujourd’hui exigent beaucoup plus, une véritable avancée de civilisation. Les réponses aux défis que nous posent le changement climatique, les questions de l’énergie, des ressources, la lutte contre les inégalités ici même et dans le monde, l’intérêt général donc, ne peuvent être que l’œuvre des travailleurs eux-mêmes et des peuples. Ce ne sont pas les actionnaires qui font tourner les usines, c’est le travail, l’intelligence, le savoir, la formation, la santé… On nous sert tous les jours les guerres picrocholines de la campagne. Parlons propositions et programmes.

 

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