jeudi 17 février 2022

À la RATP, « dans le rouge le 10 du mois »



Mobilisation La direction de la régie publique de transport propose une augmentation de 0,4 % des salaires. Les agents entrent en grève ce vendredi.

Côté face, la RATP s’apprête à rendre publics des comptes annuels au vert et un bénéfice net flirtant avec les 205 millions d’euros. Côté pile, la direction a mis sur la table des négociations annuelles obligatoires (NAO) une augmentation salariale d’à peine 0,4 % (pour une enveloppe totale de 7 millions d’euros). Une «provocation de trop», ont réagi les syndicats, qui appellent les salariés de la régie, toutes catégories confondues, à la grève ce vendredi. «Cette première journée daction unitaire doit faire comprendre à la direction générale que les agents attendent beaucoup plus que les miettes qui leur sont proposées», affirme lintersyndicale au grand complet (CGT, FO, Unsa, CFE-CGC, Solidaires, la Base).

Une grève qui promet d’être largement suivie tant le «ras-le-bol» est généralisé, explique Bertrand Hammache, secrétaire général de la CGT RATP. «Cette augmentation est une moyenne, les 45000 salariés ne la toucheront pas, puisquil sagit en réalité dun système de primes à lacte et au travail du dimanche», précise le syndicaliste. Dans un contexte d’ouverture imminente à la concurrence, la RATP, «pour se positionner sur les futurs appels doffres, fait des travailleurs une variable dajustement en engageant la baisse de ses coûts salariaux», analyse Bertrand Hammache. Une stratégie déjà mise en application dans la branche bus de la régie, où la direction entend augmenter de 190 heures annuelles le temps de travail des chauffeurs et baisser de 100 euros leur niveau de primes. L’objectif est clair: faire travailler plus pour ne pas avoir à recruter, dénonce le syndicat. Sur ce front-là aussi, «on va organiser la riposte», promet demblée Cemil Kaygisiz, secrétaire général de la CGT RATP bus. «Beaucoup de collègues sont à découvert le 10 du mois. Travailler en Île-de-France, cest payer des loyers hors de prix et, avec nos horaires décalés, on est obligés de prendre notre voiture pour aller travailler alors que les prix à la pompe explosent…» argumente le syndicaliste.

«la direction a décidé de la date de la grève»

Malgré les tentatives de la direction de jouer sur la corde sensible des départs en vacances pour dégonfler la mobilisation, les salariés demeurent déterminés. «Cette journée de grève, cest la direction qui en a décidé la date. La négociation devait initialement se tenir le 8 mars, elle a été avancée à ce vendredi», explique Bertrand Hammache. Au pied des bureaux RATP de Val-de-Fontenay (Val-de-Marne), où se tient la session, les salariés promettent de venir manifester en nombre. Et alors que la CGT revendique un rattrapage du gel des salaires de 3 % par an pendant trois ans, une entrée de grille salariale à 2000 euros brut ou encore louverture «rapide» des discussions sur la réduction du temps de travail, Bertrand Hammache prévient: «Soit la direction arrive avec de ­véritables propositions et on avisera en intersyndicale, soit elle ne bouge pas et la grève reprendra dès la ­rentrée.» 

 

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