Avec les autoproclamés « convois de la liberté », l’extrême droite a
trouvé un nouveau canal d’expression. C’est un fait
indéniable à Ottawa, point de départ de ce mouvement
qui se répand peu à peu à d’autres pays. Les principales figures de proue s’avèrent être de
véritables cumulards de la conspiration : adeptes de QAnon – théorie selon laquelle une guerre secrète oppose Donald Trump à des élites pédophiles, cannibales et sataniques soutenues par l’État profond, les
milieux financiers et les médias – et autres montages complotistes sur le
surgissement de la pandémie de Covid et le vol de l’élection présidentielle
états-unienne au détriment de Trump, quand ils ne sont pas purement et
simplement des néonazis. C’est un fait également constatable à Paris. Les
rassemblements de ce week-end, dans la capitale, ont charrié leur lot d’antivax
primaires et de militants extrémistes totalement décomplexés. Florian Philippot
y barbote avec contentement, tandis que son ancienne pythie, Marine Le Pen,
sort les rames pour demander aux manifestants d’aller voter. Pour elle, il va
sans dire.
Mais… en France, il y a un « mais ». Les témoignages recueillis par nos journalistes dessinent un tableau plus
complexe. Il y avait là, venus de Moselle, de Valenciennes ou de Nice, des
opposants sincères au passe vaccinal (le gouvernement n’envisage-t-il pas d’y
mettre fin d’ici à quelques semaines ?) et aux restrictions sanitaires, des salariés aux revenus modestes ou moyens dont le modèle
économique croule sous l’augmentation des prix de l’essence, de l’énergie et de
la nourriture. Parmi ceux-ci, nombre d’entre eux furent du mouvement des gilets
jaunes, éruption qui ébranla la Macronie sans tout à fait la faire dévier de sa
trajectoire. Et si en France, à quelques semaines d’une élection présidentielle
capturée par les « identitaires », les « convois de la liberté » devenaient aussi un canal d’expression pour la « question sociale », bouclant la boucle d’un quinquennat dédié aux inégalités ?
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