À la fin des années 1980, les frais des ménages en matière de logement atteignaient en moyenne 12,5 % du budget d’une famille : cela représente désormais 30 à 40 % de la dépense des ménages, voire plus ! A-t-on assez mesuré ce changement fondamental dans la structuration de la vie des Français ? Selon les dernières statistiques de la Fondation Abbé-Pierre, tous les indicateurs affichent le rouge. De quoi nous alarmer. Plus de 4 millions de personnes souffrent de mal-logement ou d’absence totale de logement personnel. Au-delà de ces situations les plus révoltantes, un autre chiffre donne le vertige : 13 à 14 millions de personnes sont frappées par la « crise du logement », sans parler des 2 millions en situation d’impayés ou des 7 millions en « réelle fragilité ». La crise du logement, pour beaucoup, s’est peu à peu transformée en catastrophe familiale qui ruine le quotidien et bride toute perspective… Pour l’association, « quand la crise sanitaire et la crise du logement se superposent », nous retrouvons « des ménages à bout de souffle », au bord du chaos. Alors que l’action d’Emmanuel Macron devait, soi-disant, relancer l’offre et la construction, nous assistons à un ralentissement général. La politique de l’exécutif, en ponctionnant les ressources du secteur HLM, a suscité un coup d’arrêt inédi, à un ensablement du secteur. Le prétendu « choc de l’offre »? Une grève de l’offre...
Plus grave, la réduction de nouveaux logements sociaux
disponibles (80 000 de moins en 2020), la chute de la construction (au
plus bas depuis quinze ans), et le blocage de la mobilité résidentielle qui en
résulte dessinent les tendances d’un malheur collectif. Les choix, depuis cinq
ans, sont désavoués par la réalité et les professionnels. Les chiffres se
montrent têtus. Alors que le secteur pèse 25 % du PIB, l’effort atteint à
peine les 2 % des richesses produites, contre plus de 5 % il y a
quarante ans. Une faillite politique.
Une société qui devient de plus en plus une « société des
individus », renvoyés à eux-mêmes par l’incertitude, est d’abord le signe d’une
société dans laquelle les régulations collectives font défaut pour maîtriser
les aléas de l’existence, au seuil de l’atomisation sociale…
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