La France va-t-elle vivre les cinq mois décisifs qui viennent sous la
pression d’un délinquant récidiviste ? La question se pose avec une acuité
redoublée alors que le candidat à la présidentielle en question vient d’ajouter
à son passif d’individu raciste condamné par les tribunaux une nouvelle
potentielle infraction, cette fois à la loi qui protège les droits d’auteur et
de leurs ayants droit.
Non content de piller le répertoire des idées d’extrême droite, le
polémiste néo-candidat s’est mis en tête de récupérer tous azimuts de grands
noms de la culture française, qu’il dit chérir d’une passion qui n’a rien de
réciproque. De Voltaire à Barbara, de Racine à Brassens, c’est à un rapt éhonté
auquel chacun a pu assister pour le lancement de sa campagne aux accents
vichystes et ultraréactionnaires. Et que dire des résistants, de De Gaulle à
Jean Moulin, enrôlés pour des idées qu’ils ont combattues parfois jusqu’à la
mort ?
Au-delà de cette
bouffonnerie dont il vaut mieux rire, le sans-gêne de la démarche, son
affranchissement de toutes les frontières de la décence font naître une
inquiétude légitime quant au niveau de caniveau auquel la campagne peut
rapidement descendre si on ne fixe pas des bornes pour empêcher cette pente
mortelle. À la différence des États-Unis où un Trump a pu être élu à la faveur
de la litanie de bobards et de provocations dont il a fait son fonds de
commerce, tout n’est pas permis en France et c’est heureux, n’en déplaise à
l’extrême droite. La loi établit les limites de la liberté d’expression ainsi
que celles des emprunts aux artistes et auteurs pour empêcher leur dévoiement
dans des buts malveillants. Fabien Roussel, le candidat communiste, a soulevé
le premier la question de rendre inéligible une personne condamnée pour propos
racistes. Aujourd’hui, des sociétés, des auteurs ou leurs descendants entendent
porter en justice l’affaire de l’utilisation de leurs œuvres sans autorisation.
Il va falloir que la République se positionne : transgresser la loi ou la
servir, il faut choisir.
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