L’adversaire de Zemmour-le-voilà ? La République.
Clip. Un naufrage français en cache toujours d’autres, quand toutes les
manipulations – bien plus calculées qu’on ne l’imagine – se déversent sans retenue. Le clip de
Zemmour-le-voilà, ayant pour fonction d’annoncer sa «candidature» à la fonction suprême, dépasse l’entendement en tant que nouveau genre
aussi absurde qu’accessoire. Résumons: pour qui se prend-il, l’histrion, puisque, pour lui, tout est
permis? Son métier, nous le connaissions: la haine. Sa fonction
essentielle aussi : la polémique raciste, misogyne et pétainiste. Son rôle fondamental: distiller de l’ignominie pour diviser, rompre, fracturer une société pourtant malade des
inégalités. L’indécence n’a donc plus de limite. Singer ainsi le général, celui
de l’Appel du 18 juin, les yeux rivés sur son texte, devant un micro
vintage, plongé dans une fausse pénombre d’heures sombres. En vérité, tout
concorde dans ce mauvais théâtre du révisionnisme ambiant, poussé jusqu’au
paroxysme du ridicule et de la caricature, qui en disent long sur l’atmosphère
idéologique. Une pantalonnade fétide assumée. Celle d’un néofascisme
tranquille. Celle d’une extrême droite verbeuse aux références abjectes et
pédantes. Sans parler des tentatives de récupération, de Barbara (qui
chanta Göttingen, «les enfants sont tous les mêmes, à Paris
ou à Göttingen») à Brassens, de Gabin à Sautet, de Voltaire à
Rousseau… N’en jetez plus. Les morts sont en nous et n’ont rien à voir avec cet
exhibitionnisme crapuleux, eux qui, tous, auraient exécré la France vichyste,
précisément celle qu’il tente à toute force de réhabiliter pour la ressusciter.
Pétainiste. Petit rappel, face à ce simplisme, à
cette démagogie sans nom, grossière et mensongère. L’idéologue contre-révolutionnaire
Zemmour-le-voilà, directement inspiré de la «révolution nationale» pétainiste,
n’emprunte pas seulement aux années 1930 les thématiques religieuses et symboliques,
mais aussi les stratégies de conquête du pouvoir, offrant une «réponse» unique
à tous les problèmes: l’immigré, le musulman. Comme hier avec le juif, tout
devient «basique», «limpide». Aucun interdit ne l’arrête. La preuve:
il réhabilite Pétain en «sauveur de juifs français» – distinguant ces derniers des juifs étrangers au nom de la préférence nationale. Pourquoi cette tentative
odieuse? Parce que, à ce jour, Vichy restait le mur
infranchissable entre la droite et l’extrême droite. En ravivant la théorie du
glaive et du bouclier, absolument délirante, Zemmour-le-voilà tient à associer
dans un même «corpus historique» de Gaulle et Pétain. Bref, rapprocher les deux
droites, son obsession. Logique implacable: la France d’abord, éprise d’un
continuum sans fin, où tout se vaut, même le pire. La France, oui. La
République, non. Voilà l’adversaire qu’il conviendrait d’abattre: la
République. L’homme n’avait-il pas déclaré, en 2019: «Le nazisme est
parfois un peu raide et intolérant»?
Hanau. Ce clip ressemble à un évident exercice de diversion. Beaucoup
porteront plainte pour «utilisation d’images non autorisées», et pour cause.
Lui se drapera dans la posture «victimaire», du «pourchassé», comme le
revendiqua longtemps un certain Trump. Eux contre tous. Mécanique désormais
bien connue. Demeure néanmoins un paradoxe. Pour enjoliver son laïus,
Zemmour-le-voilà a lorgné l’Allemagne et le Danube, en choisissant la Symphonie
n°7, de Beethoven, créée à Vienne en décembre 1813 lors d’un concert
patriotique donné au bénéfice des blessés autrichiens de la bataille de Hanau.
Posant devant une bibliothèque où trône une icône orthodoxe de la Vierge Marie,
il assène en guise de fond sonore une musique utilisée par l’empereur
d’Autriche, pour mobiliser son peuple contre la France. Une autre forme de
nationalisme, vanté par Wagner, aux relents bientôt hitlériens. Un choix pas si
étrange(r) que cela. Nous nous souvenons du refrain: «Radio-Paris
ment», et de la suite du couplet. L’ignoble a choisi son camp.
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