Ce n’est pas le moindre des paradoxes : lorsque l’on dispose d’un compte en
banque bien garni, on fait des économies. Les marchandises sont moins chères
quand on peut les payer cash, le coût du crédit est moins élevé lorsque l’on
peut négocier avec sa banque que lorsque l’on contracte un revolving.
En matière énergétique, le constat est encore plus flagrant. Non seulement
la proportion du revenu utilisée pour les dépenses en énergie est logiquement
beaucoup plus élevée chez les plus pauvres, mais le coût de chauffage en valeur
absolue du mètre carré est plus important quand on est pauvre que quand on est
riche. Les plus précaires financièrement sont souvent ceux qui occupent les
logements les moins bien isolés. Ils doivent donc utiliser plus d’énergie pour
chauffer une surface souvent plus petite. À cette surconsommation s’ajoute
l’explosion des tarifs du gaz et de l’électricité, qui a comme résultat de
faire des dépenses de chauffage un coût insurmontable pour de plus en plus de
familles. Manger ou se chauffer, le choix est vite fait. On baisse de quelques
degrés, on ne chauffe que certaines pièces, la salle de bains ou la chambre des
enfants, avec l’un de ces petits poêles d’appoint qui font les beaux jours des
enseignes de bricolage et dont le bilan énergétique est catastrophique, ce qui
augmente encore le coût de chauffe au mètre carré. Ces stratégies de
quasi-survie ne suffisent pourtant pas à éviter les coupures pour impayés à la
fin de la trêve hivernale pour des milliers de familles.
Or, l’énergie est un
besoin de première nécessité et doit être accessible à tous. Et s’il y a besoin
d’un engagement sans précédent pour en finir avec les logements passoires
énergétique, cela ne suffira pas, de même que les aides ponctuelles comme le
chèque énergie. On peut retourner le problème dans tous les sens, la solution
passe par une maîtrise publique et démocratique de la filière. La seule qui
pourrait garantir la production, la distribution et la réglementation des
tarifs de l’énergie afin de couvrir les besoins des populations et répondre à
l’urgence climatique.
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