En danger de
mort dans leur pays, victimes de violences, de traques, sous la menace des
mafias de passeurs, objets du cynisme géopolitique et d’une certaine
indifférence internationale, des enfants, des femmes et des hommes affamés,
tremblent dans la froidure sévère de l’Europe orientale, enserrés tels des
otages, entre les rangées de fil de fer barbelé de la frontière polonaise et
les fusils des soldats du dictateur biélorusse Loukachenko. Et les blindés
sont aussi gris de part et d’autre.
Ces familles,
ces jeunes, ces enfants ont dû quitter leur maison, leur famille en Irak, en
Afghanistan ou en Syrie pour fuir l’insupportable. Voir ces réfugiés devenir
les fantassins d’abominables responsables d’État sans cœur, soulève
l’indignation.
Ce sont leurs
sœurs et leurs frères que l’on retrouve en grande souffrance sur les rives de
la Méditerranée et de la Manche cherchant le moyen de rejoindre un hypothétique
eldorado.
Le cynisme
des responsables politiques français qui utilisent le sort de ces malheureux
dans leur quête, sans foi ni loi, d’électrices et d’électeurs, est tout autant
insupportable. Cette démagogie nauséabonde est lourde de dangers. Face à cette
course aveugle au rejet de celles et ceux qui n’ont d’autre issue que de fuir,
on doit se souvenir, de nos parents et grands- parents, des familles juives,
communistes,des tziganes, des républicains espagnols, acculés par le nazisme et
le franquisme, qui ont dû s’enfuir sur les chemins d’Europe pour échapper au
pire.
C’est le
malheur d’êtres humains qui est utilisé ici pour propager une propagande
illicite, assimilant réfugiés et insécurité, voire au terrorisme. À ce niveau
d’ignominie c’est l’humanité qui s’éteint.
C’est la
division des êtres humains entre eux qui est promise quand il n’y a jamais eu
autant d’intérêts communs aux combats pour la justice, la démocratie,
l’environnement et le climat. Jamais, toutes les citoyennes, tous les citoyens
du monde n’ont autant eu d’intérêt à s’entraider et à bâtir ensemble un avenir
commun.
La nouvelle
route migratoire vers la Biélorussie a bien été délibérément ouverte par les
dirigeants de ce pays dans le cadre d’une abominable stratégie de revanche face
aux sanctions décrétées par les dirigeants européens.
Pour le coup,
ces derniers défendent la Pologne, membre de l’Union, avec laquelle pourtant un
conflit sévère les opposent sur le respect de l’État de droit. Mais ladite
Pologne se passe des dispositifs européens et ajoute à ses gardes-frontières
des dizaines de milliers de militaires. Et voilà qu’elle envisage désormais de
construire un mur quelque quarante années après la destruction de celui qui
divisait à Berlin et l’Europe en deux. Un « mur de Varsovie » serait-il
plus acceptable que le mur de Berlin ?
Et, le
pouvoir polonais profite de l’occasion pour décréter contre sa population un
état d’urgence permanent de sinistre mémoire. Les autorités européennes, tout
occupées par leur escalade avec la Russie, n’y trouvent rien à redire alors
qu’il s’agit d’abord de sauver des vies humaines.
Elles
bafouent ainsi les traités internationaux, notamment la convention de Genève de
1951, relative aux droits des réfugiés. Celle qui garantit le droit d’asile et
le principe de non-refoulement que la Pologne a aussi signée le 27 septembre
1991. Si l’humanité était au premier rang des préoccupations européennes, la
Pologne aurait été au moins sévèrement critiquée pour violation de ses
engagements. Il n’en est rien !
Et, dans
l’actuel parlement européen, une majorité de députés place au second plan la
protection, l’accueil, l’hospitalité aux réfugiés au nom de considérations
géopolitiques et sous la pression d’une extrême droite qui partout a fait de
l’exclusion des immigrés un de ses principaux fonds de commerce.
N’est-ce pas
cette même pression mortifère qui conduit l’Union européenne, volontiers
donneuse de leçons, à sous-traiter, contre rétribution, la gestion des flux
migratoires par cet autre maître-chanteur, le président turc Mr Erdogan, notre
allié dans l’OTAN ?
Le sort de
ces êtres humains en danger de mort, tenaillés par le froid et la faim,
laissent insensible cette machine d’abord soucieuse de la santé des marchés
financiers et des banques, tout en protégeant de leur douce chaleur les évadés
fiscaux.
Il y a
pourtant besoin, de toute urgence, d’un débat serein sur les défis des
migrations alors que la pauvreté et la misère augmentent encore et que
l’augmentation du nombre des « réfugiés climatiques » va s’accroître.
Dans
l’immédiat, Il est urgent d’engager le processus diplomatique capable d’ouvrir
un couloir humanitaire d’accueil et de répartir les réfugiés dans les pays
européens qui devront les accepter au nom des principes qui les ont fait
rejoindre l’Union. Cinq mille réfugiés, à accueillir et répartir, ne
déstabiliseraient aucun pays Européen. Cela les grandirait tous.
Le
développement de cette crise est lourd de dangers. Deux pays autoritaires s’y
font face. Aucun effort ne devrait être négligé pour rechercher le concours de
la Russie qui peut beaucoup contribuer à la réussite d’une telle initiative et
bien au-delà. L’Union européenne aussi ! Le droit d’asile doit être respecté
tandis qu’il convient de progresser dans la réforme des accords dit de Dublin
de telle sorte que les pays de « premier accueil » ne supportent pas seuls la
charge de la nécessaire hospitalité.
Il est temps
de cesser de l’escalade de l’abject !
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