La Ve République et son présidentialisme débridé n’en finissent plus
de tuer la politique. Cette idée d’un homme providentiel qui viendrait sauver
la France, ce concept d’un monarque républicain en dialogue direct avec les
Français a achevé sa dérive populiste et césariste aux relents de pétainisme
rance. Le numéro – on ne peut pas dire débat – offert par les candidats à la
primaire LR en est l’une des preuves les plus éclatantes. Pas de politique,
juste de la surenchère sécuritaire et identitaire. Pourtant, ce ne sont pas les
vrais débats qui manquent, y compris à droite. Mais le présidentialisme
n’incite pas à la confrontation d’idées. Il pousse à flatter un électorat
supposé, fût-ce pour le pire.
Avec l’invention d’Éric Zemmour par saturation médiatique inédite, le
processus atteint un double point de rupture démocratique. Le premier touche à
la fabrique et la promotion de sujets polémiques détachés de toute réalité. Le
second est la dépossession du peuple de la nécessaire confrontation autour des
véritables enjeux. Il s’agit donc de dépolitiser la politique en la ramenant à
un simple spectacle. Si les Français subissent cela pendant encore cinq mois,
nul ne peut prédire quelles en seront les conséquences, et pas que sur le plan
électoral.
Les partis politiques
s’inscrivant dans l’arc démocratique comme les médias ont une responsabilité
écrasante dans la période. Emploi, retraite, santé, éducation, crise
climatique, service public, pouvoir d’achat, aucun de ces thèmes ne peut être
ignoré. Les Français doivent savoir qui propose quoi et pourquoi. Ils doivent
pouvoir mesurer les conséquences des différentes politiques qui seront mises en
œuvre. Lors de la dernière édition de la Fête de l’Humanité, Fabien Roussel et
Valérie Pécresse avaient confronté leurs idées, leur vision de l’avenir de la
France. C’est ce type de débat dont la société a besoin. Le candidat communiste
a depuis longtemps fait part de sa disponibilité. Alors, qui relèvera le défi
politique et démocratique ?
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