Julia Hamlaoui, Camille Bauer, Cyprien Caddeo, Clotilde Mathieu
Lors de son allocution,
mardi, Emmanuel Macron a fait peu d’annonces, si ce n’est un appel à
l’élargissement de la troisième dose de vaccin. Il a esquissé les grandes
lignes de sa fin de mandat, dans l’optique de sa candidature à la
présidentielle.
Emmanuel Macron ne s’était pas adressé solennellement aux Français depuis
le 12 juillet et l’annonce du passe sanitaire. Le chef de l’État a renoué
avec l’exercice, mardi 9 novembre. Si c’est bien le président qui s’est
exprimé, on a surtout entendu le candidat pas encore déclaré. Emmanuel Macron
était attendu sur ses annonces sanitaires, dans un contexte de rebond
épidémique en France et en Europe. Seuls les plus de 65 ans sont concernés
par l’obligation d’une troisième dose vaccinale, pour justifier d’un passe
sanitaire, à partir du 15 décembre. La majeure partie de son discours a
pris les atours d’un satisfecit de son quinquennat : taux de croissance à plus
de 6 %, taux de chômage le plus bas depuis quinze ans, augmentation du
pouvoir d’achat des Français de 170 euros en moyenne depuis 2017… La
Macronie aura tout réussi, à en croire le président. Ce qui le conduit, en
toute logique, à vouloir poursuivre son action. Dans un contexte politique
parasité par les thématiques d’extrême droite et alors que ses potentiels
rivaux de droite s’écharpent au sein du congrès LR, Emmanuel Macron s’est ainsi
affiché comme le défenseur acharné du « travailler plus », en usant
d’anaphore : « C’est par le travail que nous rendrons l’État plus
solide, c’est par le travail que nous permettrons à nos aînés de vivre plus
longtemps chez eux, c’est par le travail et par plus de travail que nous
préserverons notre modèle social. » De quoi donner le ton de la fin du
quinquennat, tout en dessinant les contours du second, donc de la campagne à
venir.
Une troisième dose pour lutter contre le regain de l’épidémie
Grand satisfecit du chef de l’État, qui n’a pas manqué de se féliciter des
résultats obtenus contre le Covid, grâce notamment à la vaccination. « Pour
autant, nous n’avons pas encore terminé avec la pandémie », a-t-il prévenu.
Il a rappelé que « l’augmentation de 40 % de notre taux
d’incidence et la remontée du nombre d’hospitalisations » qui sont
autant de « signaux d’alerte ». Face à ce défi, « nous
pouvons continuer à maîtriser la situation, si chacun d’entre nous prend sa
part ». Il a commencé par lancer un appel aux 6 millions de Français
toujours pas vaccinés. Pour les plus vulnérables, les plus de 65 ans et
les malades, « la troisième dose est la solution » pour
contrer la perte d’efficacité du vaccin au-delà de six mois. Pour
ceux-là, « à partir du 15 décembre, il faudra justifier d’un
rappel pour pouvoir bénéficier du passe sanitaire », a-t-il averti.
Début décembre, l’accès à la troisième dose s’ouvrira également aux 50 à
64 ans. Pour autant, « le vaccin ne suffit pas ». « Dans
ce contexte de reprise épidémique, nous devons redoubler de vigilance. Tous les
assouplissements un moment envisagés sont reportés à une date ultérieure », a-t-il
indiqué. Les contrôles pour l’application du passe seront renforcés. Il a
également mentionné l’arrivée de nouveaux traitements contre les formes graves,
en fin d’année. Un mot enfin a été dit pour contrer les critiques face à l’état
désastreux de l’hôpital public. « Nos soignants ont été augmentés de
200 à 400 euros par mois en moyenne, 500 établissements hospitaliers vont
être restaurés, des milliers de maisons de retraite vont être rénovées dans un
effort inédit de 19 milliards d’euros. Jamais, depuis la création de la
Sécurité sociale, nous n’avions autant investi dans notre santé. »
Le retour du « travailler plus »
Réforme de l’assurance-chômage, réforme des retraites, défiscalisation des
heures supplémentaires, le chef de l’État a mis au centre de son action
le « travail ». Une « boussole », un « fil
rouge ». Emmanuel Macron a ainsi confirmé un nouveau tour de vis sur
l’assurance-chômage. « À partir du 1er décembre, une
nouvelle étape va s’engager. Il faudra travailler au moins six mois dans les
deux dernières années pour être indemnisé (contre 4 actuellement). » « Les
demandeurs d’emploi qui ne démontreront pas une recherche active d’emploi et
l’acceptation d’une offre raisonnable d’embauche verront leurs allocations
suspendues », a déclaré Emmanuel Macron au cours de son allocution. Pôle
emploi va d’abord passer en revue les offres qui ne trouvent pas preneur et
vérifier que les demandeurs d’emploi sont en « recherche active » de
travail. Parmi les réformes promises par le chef de l’État en 2017 et en
suspens à cause de la crise sanitaire, la plus importante – et attendue – est
celle des retraites. « Les conditions ne sont pas réunies pour relancer
aujourd’hui le chantier de la réforme des retraites. » Emmanuel Macron
a cependant affirmé qu’il faudrait « prendre des décisions claires » dès
2022. Le président de la République a donc annoncé d’allonger la durée du
travail « en repoussant l’âge légal » de départ en retraite,
de supprimer les régimes spéciaux « en harmonisant les règles entre
public et privé ». Il a enfin évoqué la possibilité de « partir
en retraite progressivement, d’accumuler des droits plus rapidement pour celles
et ceux qui le souhaitent » et « d’encourager le travail au-delà de
l’âge légal aussi pour celles et ceux qui en ont envie ». Alors que les
mobilisations sur les salaires se multiplient, le président de la République
n’a pas fait une annonce. Ce dernier estimant que, depuis quatre ans, « le
travail paye mieux ».
COP26, Europe, États généraux de la justice…
En pleine COP26, le
président-candidat n’a pas manqué d’évoquer les enjeux climatiques. Emmanuel
Macron a ainsi confirmé sa volonté d’investir dans le nucléaire, sans livrer
d’éléments chiffrés. « Pour garantir l’indépendance énergétique de la
France et atteindre nos objectifs, en particulier la neutralité carbone en
2050, nous allons pour la première fois depuis des décennies relancer la
construction de réacteurs nucléaires dans notre pays et continuer de développer
des énergies renouvelables », a-t-il déclaré. Toujours attentif à
sa droite, il n’a pas omis non plus d’évoquer les questions de sécurité. Après
avoir jugé que « la violence est de retour dans toutes les sociétés
occidentales », il a estimé nécessaire « d’aller plus loin »,
notamment avec « une loi de programmation pour notre sécurité
intérieure » annoncée pour le « premier trimestre 2022 ».
De même, les états généraux de la justice « déboucheront au printemps
sur des mesures fortes ». Là encore, peu de détails. Mais c’est encore
davantage dans la perspective de sa présidence de l’Union européenne, qui doit
débuter en janvier, que le chef de l’État a revêtu ses habits de candidat,
promettant de défendre « un nouveau modèle d’investissement et de
croissance ». Au menu : « protéger nos frontières extérieures »,
« rebâtir avec l’Afrique une relation de paix de stabilité », « mieux réguler
les géants du numérique », « bâtir une stratégie crédible de réduction de nos
émissions de CO2 ». Au total, après plus de 20 minutes
d’allocution, peu d’annonces concrètes mais un président bel et bien campagne.
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