Quand il est à Tourcoing, dit-il dans un entretien au Parisien, Gérald
Darmanin constate que la demande première des Français est « une
demande économique et sociale de travail et de pouvoir d’achat ». Au nom de
quoi il consacre la quasi-totalité de son propos aux questions sécuritaires et,
quand il est à Paris, il n’entend de la Guadeloupe que des bruits d’émeutes
pour y répondre par la force : Raid, GIGN, gendarmes. On entend des accents
d’un autre âge. Les Guadeloupéennes et Guadeloupéens ne sont pas des émeutiers
voués aux gaz lacrymogènes. La crise sanitaire n’a fait qu’exacerber leur
conscience de cumuler les inégalités sociales, en termes d’éducation,
d’hôpitaux, de salaires, d’emploi. À cela s’ajoutent les questions de l’eau
potable et du chlordécone, cet insecticide toxique autorisé jusqu’en 1983 et
dont les conséquences se font toujours sentir.
Qu’on ne se fie pas aux réactions de tel ou telle à droite ou à l’extrême
droite. La réponse sécuritaire ne peut que les conforter et favoriser la
mainmise de leurs thématiques sur le débat public. On peut voir maintenant, sur
nos chaînes d’info, des échanges pendant des minutes entre soutiens d’Éric
Zemmour et proches de Marine Le Pen. Extrême droite versus droite extrême
ou l’inverse. Les candidats dits républicains leur emboîtent le pas, tentant de
garder leur électorat comme Harpagon sa cassette et on entend toujours aussi
mal sur les questions sociales la gauche et les écologistes. Disons-le tout
net. On se fiche de savoir si Jean-Luc Mélenchon pourrait être le premier
ministre de Yannick Jadot ou le contraire, de tel appel du pied à Anne Hidalgo…
Avec son premier vrai
meeting de campagne dimanche à Paris, le candidat communiste Fabien Roussel,
qui a évoqué en termes forts la situation en Guadeloupe, a voulu, selon ses
propres mots, « briser l’omerta sur les salaires », plus
largement sur les questions du pouvoir d’achat et de l’emploi. Il ne prétend
pas sur cette question à la singularité ou à quelque monopole que ce soit. Bien
au contraire, il s’agit de faire tout ce qui est possible avec toutes les
forces disponibles, syndicales, associatives ou politiques, les forces
populaires, pour recentrer le débat des mois à venir sur les attentes sociales
du pays et changer la donne. Les vents contraires ne peuvent en dispenser.
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