lundi 22 novembre 2021

« Changer la donne, l’éditorial de Maurice Ulrich dans l’Humanité.



Quand il est à Tourcoing, dit-il dans un entretien au Parisien, Gérald Darmanin constate que la demande première des Français est « une demande économique et sociale de travail et de pouvoir d’achat ». Au nom de quoi il consacre la quasi-totalité de son propos aux questions sécuritaires et, quand il est à Paris, il n’entend de la Guadeloupe que des bruits d’émeutes pour y répondre par la force : Raid, GIGN, gendarmes. On entend des accents d’un autre âge. Les Guadeloupéennes et Guadeloupéens ne sont pas des émeutiers voués aux gaz lacrymogènes. La crise sanitaire n’a fait qu’exacerber leur conscience de cumuler les inégalités sociales, en termes d’éducation, d’hôpitaux, de salaires, d’emploi. À cela s’ajoutent les questions de l’eau potable et du chlordécone, cet insecticide toxique autorisé jusqu’en 1983 et dont les conséquences se font toujours sentir.

Qu’on ne se fie pas aux réactions de tel ou telle à droite ou à l’extrême droite. La réponse sécuritaire ne peut que les conforter et favoriser la mainmise de leurs thématiques sur le débat public. On peut voir maintenant, sur nos chaînes d’info, des échanges pendant des minutes entre soutiens d’Éric Zemmour et proches de Marine Le Pen. Extrême droite versus droite extrême ou l’inverse. Les candidats dits républicains leur emboîtent le pas, tentant de garder leur électorat comme Harpagon sa cassette et on entend toujours aussi mal sur les questions sociales la gauche et les écologistes. Disons-le tout net. On se fiche de savoir si Jean-Luc Mélenchon pourrait être le premier ministre de Yannick Jadot ou le contraire, de tel appel du pied à Anne Hidalgo…

Avec son premier vrai meeting de campagne dimanche à Paris, le candidat communiste Fabien Roussel, qui a évoqué en termes forts la situation en Guadeloupe, a voulu, selon ses propres mots, « briser l’omerta sur les salaires », plus largement sur les questions du pouvoir d’achat et de l’emploi. Il ne prétend pas sur cette question à la singularité ou à quelque monopole que ce soit. Bien au contraire, il s’agit de faire tout ce qui est possible avec toutes les forces disponibles, syndicales, associatives ou politiques, les forces populaires, pour recentrer le débat des mois à venir sur les attentes sociales du pays et changer la donne. Les vents contraires ne peuvent en dispenser.

 

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