Les candidats à
l’investiture LR jouent la surenchère anti-migratoire, jusqu’à se calquer sur
les propositions de Marine Le Pen. Le tout sous la pression d’Éric Zemmour.
Extrême droitisation du débat public, épisode incalculable. Mardi, Valérie
Pécresse, en campagne pour obtenir l’investiture LR à la présidentielle 2022,
donnait une conférence de presse sur le thème de l’immigration. L’occasion de
développer sa proposition de réforme constitutionnelle visant à « stopper
l’immigration incontrôlée ». En clair, la présidente de la région
Île-de-France veut inscrire la phrase « La République limite le nombre
de ressortissants étrangers autorisés à séjourner en France » à
l’article 2 de la Constitution française, qui établit la devise, l’hymne,
la langue, le drapeau et le principe de gouvernement de la République. Tout un
symbole.
La volonté de Valérie Pécresse, qui considère qu’il y a « trop
d’immigrés en France », est d’instaurer des « plafonds maximaux
annuels d’immigration votés par le Parlement chaque année et répartis selon les
États d’origine » dont la mise en place passerait d’abord par un
référendum. Autre proposition formulée mardi : soumettre la délivrance des
titres de séjour à trois conditions « très strictes ». Posséder
des « ressources suffisantes » (qui passeraient de
615 euros par mois exigés à 770), « maîtriser la langue
française » et « respecter la laïcité et les valeurs de la
République » – sans, bien sûr, préciser ce que sont ces « valeurs ».
Des propositions qui rappellent celles formulées il y a une semaine par
Marine Le Pen… La candidate du RN veut aussi soumettre les Français à un
référendum sur l’immigration pour changer la Constitution. Avec notamment pour
objectif de « maîtriser les flux migratoires », à travers une
politique de quotas, et de « revoir intégralement » l’attribution
des titres de séjour.
Une manière de rivaliser avec Éric Zemmour ?
Autre similitude : quand Marine Le Pen veut « réserver les
allocations familiales aux Français », Valérie Pécresse ne souhaite verser
des prestations sociales non contributives « qu’après cinq ans de
séjour régulier en France ». Nous voilà rassurés… Quant à Xavier
Bertrand, il partage l’idée des quotas et demande comme Le Pen un « grand
référendum ». Michel Barnier opterait lui pour un « moratoire » afin
de « remettre de l’ordre » tandis qu’Éric Ciotti veut revenir
sur le droit du sol.
Si la surenchère des droites sur l’immigration n’est pas nouvelle, elle
atteint aujourd’hui des sommets. Celle dite classique va plus loin que l’époque
Sarkozy, jusqu’à formuler des propositions et même des propos qui feraient
rougir le RN. Et ce alors même que Marine Le Pen a durci, ces derniers jours,
son discours et son programme. Une manière, sans doute, de rivaliser avec Éric
Zemmour.
La probable candidature du polémiste inquiète autant les prétendants à
l’investiture LR que le RN, jusqu’à pousser jusqu’au bout cette course à
l’échalote antimigratoire et ne plus différencier clairement les positions de
la droite, « extrême » ou non.
Chez LR, le malaise lié
à la montée d’Éric Zemmour est palpable. Ce dernier en joue, en répétant qu’il
est le seul héritier du RPR (ex-UMP) car LR aurait trahi le général de Gaulle.
Pour y répondre, les cadres du parti se divisent. Quand François-Xavier
Bellamy « ne (voit) pas ce qui empêcherait » la participation
de Zemmour au congrès LR, le président Christian Jacob estime
qu’il ne « partage pas les mêmes valeurs ». Malgré les
propositions des éventuels candidats, le chef de file des députés LR, Damien
Abad, a même proposé de débattre avec Éric Zemmour pour mettre en scène
la « digue infranchissable » qui les séparerait. Pendant ce
temps, le gouvernement durcit sa politique d’octroi des visas et se targue
d’augmenter les reconduites à la frontière…
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