mercredi 6 octobre 2021

Présidentielle. Immigration, le nivellement par la droite.



Florent LE DU

Les candidats à l’investiture LR jouent la surenchère anti-migratoire, jusqu’à se calquer sur les propositions de Marine Le Pen. Le tout sous la pression d’Éric Zemmour.

Extrême droitisation du débat public, épisode incalculable. Mardi, Valérie Pécresse, en campagne pour obtenir l’investiture LR à la présidentielle 2022, donnait une conférence de presse sur le thème de l’immigration. L’occasion de développer sa proposition de réforme constitutionnelle visant à « stopper l’immigration incontrôlée ». En clair, la présidente de la région Île-de-France veut inscrire la phrase « La République limite le nombre de ressortissants étrangers autorisés à séjourner en France » à l’article 2 de la Constitution française, qui établit la devise, l’hymne, la langue, le drapeau et le principe de gouvernement de la République. Tout un symbole.

La volonté de Valérie Pécresse, qui considère qu’il y a « trop d’immigrés en France », est d’instaurer des « plafonds maximaux annuels d’immigration votés par le Parlement chaque année et répartis selon les États d’origine » dont la mise en place passerait d’abord par un référendum. Autre proposition formulée mardi : soumettre la délivrance des titres de séjour à trois conditions « très strictes ». Posséder des « ressources suffisantes » (qui passeraient de 615 euros par mois exigés à 770), « maîtriser la langue française » et « respecter la laïcité et les valeurs de la République » – sans, bien sûr, préciser ce que sont ces « valeurs ».

Des propositions qui rappellent celles formulées il y a une semaine par Marine Le Pen… La candidate du RN veut aussi soumettre les Français à un référendum sur l’immigration pour changer la Constitution. Avec notamment pour objectif de « maîtriser les flux migratoires », à travers une politique de quotas, et de « revoir intégralement » l’attribution des titres de séjour.

Une manière de rivaliser avec Éric Zemmour ?

Autre similitude : quand Marine Le Pen veut « réserver les allocations familiales aux Français », Valérie Pécresse ne souhaite verser des prestations sociales non contributives « qu’après cinq ans de séjour régulier en France ». Nous voilà rassurés… Quant à Xavier Bertrand, il partage l’idée des quotas et demande comme Le Pen un « grand référendum ». Michel Barnier opterait lui pour un « moratoire » afin de « remettre de l’ordre » tandis qu’Éric Ciotti veut revenir sur le droit du sol.

Si la surenchère des droites sur l’immigration n’est pas nouvelle, elle atteint aujourd’hui des sommets. Celle dite classique va plus loin que l’époque Sarkozy, jusqu’à formuler des propositions et même des propos qui feraient rougir le RN. Et ce alors même que Marine Le Pen a durci, ces derniers jours, son discours et son programme. Une manière, sans doute, de rivaliser avec Éric Zemmour.

La probable candidature du polémiste inquiète autant les prétendants à l’investiture LR que le RN, jusqu’à pousser jusqu’au bout cette course à l’échalote antimigratoire et ne plus différencier clairement les positions de la droite, « extrême » ou non.

Chez LR, le malaise lié à la montée d’Éric Zemmour est palpable. Ce dernier en joue, en répétant qu’il est le seul héritier du RPR (ex-UMP) car LR aurait trahi le général de Gaulle. Pour y répondre, les cadres du parti se divisent. Quand François-Xavier Bellamy « ne (voit) pas ce qui empêcherait » la participation de Zemmour au congrès LR, le président Christian Jacob estime qu’il ne « partage pas les mêmes valeurs ». Malgré les propositions des éventuels candidats, le chef de file des députés LR, Damien Abad, a même proposé de débattre avec Éric Zemmour pour mettre en scène la « digue infranchissable » qui les séparerait. Pendant ce temps, le gouvernement durcit sa politique d’octroi des visas et se targue d’augmenter les reconduites à la frontière…

 

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