Le spectacle bestial de la précampagne. Combien de temps encore ce climat
d’hystérisation des débats durera-t-il?
Désolante constatation. L’écume
ultra-surexposée de la vie politique du moment inciterait à baisser les yeux,
tel un réflexe pavlovien, ne laissant que des phrases en peluche et des idées
en vrac. Ces agitations, ces reptations odieuses, ces provocations cyniques et
revanchées, propulsées à l’infini par les sphères médiatiques dominantes, nous
affligent autant qu’elles nous inquiètent. Pourtant, dans six mois très
exactement, nous voterons pour la monarchie présidentielle instituée par les
urnes, élection qui déterminera un bon bout de notre avenir. Et dans huit mois,
échéance tout aussi fondamentale, les Français devront élire une majorité à
l’Assemblée nationale, cœur législatif de nos institutions.
Une urgente question se pose et elle
traverse tous les esprits authentiquement républicains: combien de temps encore
ce climat d’hystérisation des débats durera-t-il pour qu’une société
démocratique comme la nôtre puisse encaisser le choc inouï d’une confrontation
quasi confisquée, nous autorisant, enfin, à une prise de hauteur qui
permettrait de retrouver collectivement le chemin de la pensée et de l’idéal
d’un vrai affrontement?
Face à spectacle bestial, tout est affaire
de regard. Ceux à qui il reste des yeux pour voir se passent très bien des
caméras de surveillance idéologique et de cette frénésie sondagière, aiguisée
par la «fabrication» Zemmour, qui crée des bulles aux effets pervers et attise
un confusionnisme à outrance. Emmanuel Macron s’y conforme assez bien,
d’ailleurs. Installé depuis cinq ans dans son mortifère tête-à-tête avec Marine
Le Pen – ce qui explique en grande partie la situation actuelle –,
voilà qu’il donne désormais l’impression d’entamer une partie de duettistes
avec l’histrion de service, comme s’il avait déniché un autre idiot utile du
système. Terrible moment de saturation de l’espace public, qui, hélas, donne du
crédit à une possible et violente contre-révolution idéologique.
Les progressistes, les syndicats et les
forces de gauche ont un énorme rôle à jouer – et une responsabilité
majeure – pour éviter le pire et ré-enchanter les alternatives de
transformation sociale, démocratique et écologique. Les citoyens doivent s’en
mêler, dès maintenant. L’heure est au combat. Et au travail. On ne pratique pas
la politique en regardant ses pieds – mais en projetant loin sa vision et
ses intentions, très loin même.
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